Les déclarations de Lahcen Chakira, maire PJD de Khénifra, sur la prostitution dans cette ville suscitent un tollé général. L'AMDH l'épingle pour « propos irresponsables » lui demandant de faire des excuses à la population. Lahcen Chakira, président PJD du conseil municipal de Khénifra, se trouve au centre d'une polémique qui fait l'actualité de ces derniers jours dans la cité de Moha Ouhammou Zayani. Plusieurs associations et acteurs politiques de cette ville lui reprochent le contenu des déclarations faites à un hebdomadaire casablancais sur la prostitution. Lahcen Chakira aurait déclaré que la prostitution dans la ville de Khénifra a une origine « historique ». Il aurait, de même, affirmé que son étendue était « phénoménale » et cité des noms de quartiers où s'exerce le plus vieux métier du monde. Réagissant à ces propos, la section locale de l'AMDH est montée au créneau pour condamner les déclarations du président du conseil municipal lui exigeant des excuses publiques pour les populations locales et notamment aux habitants des quartiers «Hmria» et «Fendak Aïcha Ghazi» qu'il aurait cité nommément comme hauts lieux de la prostitution à Khénifra. Pour Aziz Akkaoui, président de la section locale de l'AMDH, cette sortie atteste d'une “démagogie islamiste visant à montrer le PJD comme étant la seule alternative politique et le président du conseil comme le Messie qui vient sauver “une ville qui se vautre dans la débauche” d'un courroux céleste certain et empêcher un éventuel Sodome et Gomorrhe!!!”. Les déclarations du président du conseil municipal « portent gravement atteinte à l'Histoire de toute la région, à la mémoire de ses martyrs et à l'honneur de ses citoyennes et citoyens », estime Akkaoui. Selon nos sources à Khénifra, le nouvellement cré «Front de soutien aux mouvements socio-populaires » envisage l'organisation d'un sit-in de protestation devant le siège du conseil municipal. L'opposition, elle, a déjà appelé à boycotter toutes les réunions auxquelles assisterait Lahcen Chakira. De leur côté, plusieurs familles résidant à « Hmria » et « Fendak Aïcha Ghazi » envisagent déjà un recours à la justice. Ces derniers s'estiment être les plus touchés par les propos du maire de Khénifra. Abdellah Abbassi, député PPS de Khénifra, va encore plus loin. «Je m'élève contre ces graves déclarations surtout qu'elles émanent d'un président de conseil issu d'un parti qui a sa place sur l'échiquier politique», estime le député qui ajoute que, pour parler d'un phénomène, il faut d'abord en cerner les contours et être armé de chiffres et statistiques. Pour Abdellah Abbasi, les déclarations de Chakira traduisent plutôt une fuite en avant vu que le président du conseil a échoué dans la gestion de la chose locale et des vrais problèmes des populations de Khénifra. « Déclarations hors sujet», martèle le député PPS qui demande à la hiérarchie PJD de se prononcer. « S'ils gardent le silence, ce serait pire encore », conclut le professeur Abbassi. Lahcen Chakira fait partie de quatre élus communaux PJD (trois actuellement) de Khénifra sur un total de 33 et une carte politique atomisée (4 élus PSU, 2 USFP...). Enseignant de premier cycle en physique-chimie, il parviendra à décrocher le poste de président du conseil, mais sans convaincre, ajoutent ses détracteurs. Récemment, Lahcen Chakira a bénéficié de l'opération de départ volontaire pour « se consacrer aux affaires de sa ville ». Sa première sortie lui attirera beaucoup d'ennuis et dressera toute une population contre lui. L'affaire « PJD à Khénifra » ne fait que commencer.