Ahmed Tommouhi, le citoyen marocain victime d'une erreur judiciaire avérée en Espagne, est toujours en prison (numéro 974 du 26-8-2005). Incarcéré depuis 14 ans, suite à une condamnation pour une série de viols qui ont été commis dans la région de Barcelone où il résidait, il continue à purger sa peine d'emprisonnement à perpétuité malgré les multiples demandes de grâce formulées par plusieurs responsables du ministère public espagnol dont le procureur général près la Cour suprême de la Catalogne, José Maria Mena, et le procureur du tribunal de Tarragone, José Maria Parra. La demande de grâce bénéficie aussi du soutien de plusieurs associations de défense des droits de l'Homme et de la presse espagnoles. Toutefois, le gouvernement espagnol refuse toujours de lui accorder la grâce. Dans une lettre adressée aux médias espagnols, la semaine dernière, la sous-secrétaire du ministère de la Justice, Ana de Miguel, a expliqué ce refus par le fait que les chefs d'inculpation pour lesquels fut condamné M. Tommouhi sont gravissimes car ayant une relation avec la violence sexuelle. Il est donc difficile pour le gouvernement, sous-entend-elle, de gracier quelqu'un qui a été condamné dans ce genre d'affaire et ce malgré le fait qu'elle reconnaît que l'innocence de M. Tommouhi ait été prouvée dans au moins une des affaires de viols pour lesquelles il a été condamné. Le quotidien “El Pais” a récemment publié une chronique dans laquelle il a mis en exergue la contradiction entre le geste de SM le Roi qui a gracié récemment, à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance, pas moins de 66 détenus espagnols reconnus pourtant coupables et l'attitude du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero qui refuse toujours de remettre en liberté un homme innocent visiblement victime d'une flagrante erreur judiciaire.