Le think tank Policy Center vient de publier une étude intitulée «Généralisation des allocations familiales et impact sur la pauvreté et la vulnérabilité monétaires des enfants en période post-Covid au Maroc». A travers cette étude, les auteurs ont analysé d'une part l'impact de la pandémie et des mesures compensatoires prises par le gouvernement pour atténuer l'incidence de la crise sanitaire et d'autre part, la généralisation des allocations familiales sur la pauvreté monétaire et la vulnérabilité de la population marocaine, notamment des enfants. Les résultats de cette étude montrent que les mesures mises en place par le gouvernement, en plus d'avoir compensé l'effet de la pandémie sur la pauvreté et la vulnérabilité, se révèlent aussi avoir été pro-pauvres. Selon ladite étude, les mesures de compensation du gouvernement ont plus que compensé les effets négatifs de la pandémie sur le revenu des ménages. En effet, la consommation moyenne par tête a augmenté de près de 4% en zones urbaines et de 1,5% en milieu rural. Ceci se traduit par une baisse de l'incidence de la pauvreté de 15,52% à l'échelle nationale et de la vulnérabilité (-17,57% pour le Maroc). La généralisation des allocations familiales dans ce contexte entraîne une baisse de la pauvreté de 18,10 et de 24,30% de la vulnérabilité au niveau national par rapport à la situation de 2019, et ce malgré la pandémie. Ces baisses de pauvreté et de vulnérabilité sont plus importantes pour les enfants de 5 à 17 ans en milieu urbain. En milieu rural, ce sont les enfants de moins de 5 ans qui profitent le plus des allocations familiales. Par ailleurs, selon les calculs effectués, le coût des aides anti-Covid aurait coûté au gouvernement 11,24 milliards DH. Elles ont majoritairement été distribuées en milieu urbain (71,8%). Les aides anti-Covid s'élèvent à 316,33 DH par individu dans la population (361,64 DH en milieu urbain contre 239,54 DH en milieu rural). Le coût par bénéficiaire est de 376,75 DH. Cette analyse fait ressortir que le coût par tête est 50% plus élevé en milieu urbain qu'en milieu rural. Ceci s'explique par le fait que la pandémie a affecté davantage les activités dans le milieu urbain avec ses deux dimensions, formelle et informelle. Par ailleurs, la généralisation des allocations familiales coûterait annuellement au gouvernement 6,71 milliards DH représentant 188,79 DH par individu. Ce coût s'élèverait à 264,96 DH par an et par bénéficiaire. Il ressort également que l'inégalité entre les deux milieux se réduit grâce à la généralisation des allocations familiales, il s'agit d'un argument supplémentaire en faveur de cette politique sociale. Pour relativiser le coût de la généralisation des allocations familiales, les auteurs constatent que sur la base de la valeur du PIB marocain de 2020, estimé à 1 081,63 milliards DH, cette mesure ne représenterait que 0,62% du PIB. En comparaison, et pour la même année, le budget de la Caisse de compensation qui est aussi une mesure de protection sociale, représente 1,25% du PIB. Ainsi, les auteurs estiment que la généralisation des allocations familiales paraît être une mesure relativement peu coûteuse pour le Maroc, avec un ciblage simple et des effets favorables sur la pauvreté et la vulnérabilité. Cette mesure pourrait avoir des effets de long terme en incitant les ménages recevant cette allocation à garder leurs enfants à l'école et ainsi réduire l'abandon scolaire. Les auteurs estiment également que d'autres programmes peuvent être aussi révisés, harmonisés et intégrés en conséquence (Tayssir, Daam, un million de cartables, etc.). Toutes ces opérations permettraient de mieux cibler les populations qui méritent de bénéficier de ces mesures et d'augmenter l'efficacité du système de protection sociale.