Rabat abritera, le 11 janvier 2006, une conférence internationale sur «La régionalisation et l'autonomie» au Sahara marocain. Le SG du PJD, Saâdeddine El Othmani, nous explique le sens de cette initiative. Entretien. ALM : En invitant des acteurs européens à venir débattre à Rabat de la question d'autonomie au Sahara marocain, ne craignez-vous pas que cela puisse donner lieu à des positions hostiles à l'intégrité territoriale du Royaume ? Saâdeddine El Othmani : Ceux qui vont participer à la conférence sont des experts en matière de régionalisation et d'autonomie, et non pas des politiciens. Ils interviendront en leur qualité d'experts pour l'examen des différents modèles de régionalisation, ce qui nous aidera à bâtir notre modèle propre. Bien sûr, on ne va pas inviter des gens qui sont contre l'intégrité territoriale de notre pays. Mais il faut dire aussi que, d'après les contacts qu'on a faits, l'idée d'autonomie lancée par Sa Majesté le Roi est très bien accueillie par les observateurs et les hommes politiques dans ces pays. De toutes les manières, on ne peut jamais étudier la question de l'autonomie au Sahara marocain sans étudier les autres modèles étrangers. Evidemment, il ne s'agit pas d'aller copier ces modèles, mais juste nous en inspirer pour donner corps à une formule plus proche de la réalité marocaine. Envisagez-vous d'inviter également des experts du Maroc ? Nous allons essentiellement inviter des experts et des hommes politiques marocains pour livrer leur point de vue sur la question de l'autonomie. N'aurait-il pas été préférable d'organiser cette conférence plutôt à l'étranger pour obtenir un impact sur l'opinion publique internationale ? Cette conférence sera une journée d'étude destinée à susciter une réflexion sur la question de régionalisation et d'autonomie, et non pas un moyen de communication avec les populations européennes. Actuellement, nous avons des contacts avec des centres de recherche qui s'intéressent à la question d'autonomie. Et la conférence que nous initions sur la question sera pour eux l'occasion d'étayer leur expérience et le résultat de leurs recherches. Je crois également que si les hommes politiques et les bureaux d'études européens, qui sont en contact avec les ministères des Affaires étrangères européens, comprennent bien l'initiative marocaine, cela pourrait pousser les pays européens à prendre des positions en faveur du Maroc et de son intégrité territoriale. Et sur ce point, nous sommes très optimistes. Quelle est la vision du PJD sur le projet d'autonomie au Sahara? Pour moi, la régionalisation n'est pas seulement importante pour le réglement du problème du Sahara mais aussi pour résoudre les problèmes socio-économiques de notre pays. C'est pour cela qu'il faut établir un nouveau découpage régional se basant sur des critères objectifs, afin d'évoluer vers une régionalisation à caractère politique et non seulement administratif comme c'est le cas actuellement. Ce qui va nécessiter un amendement de la Constitution. Cela ne veut pas dire que la région du Sahara n'aura pas des spécificités avec plus de pouvoir local, avec un parlement régional et un gouvernement régional. En tout cas, notre parti est en train de rédiger un mémorandum pour étayer notre réflexion et nos propositions. A cet effet, nous avons lancé un appel dernièrement à toutes les instances régionales et provinciales du parti pour ouvrir un dialogue sur la question à l'intérieur du parti, sans oublier nos contacts avec nos homologues de partis nationaux et autres acteurs associatifs.