L'autonomie des régions du sud est l'un des points les plus importants du conclave du PJD à Bouznika. Les cadres de ce parti ont débattu d'un document sur le Sahara soumis aux travaux de leur conseil national. Une fin de semaine, et d'année, studieuse pour les cadres du PJD. Le parti islamiste a réuni les membres de son conseil national (législatif) pour une session ordinaire de deux jours devant prendre fin hier dimanche 1er janvier 2006. A l'issue de cette session, le PJD sera l'une des premières formations politiques nationales à se doter d'une vision sur l'autonomie des régions du sud, solution envisagée par le Maroc pour clore le conflit de plus de trente ans fomenté contre son intégrité territoriale. Les cadres du PJD en conclave à Bouznika ont été invités à débattre, durant ces deux jours, d'un document préparé au niveau de leur hiérarchie. Plus qu'une contribution au débat, note un membre de ce conseil national, ce document, une fois adopté, fera figure de position officielle du PJD. C'est, note-t-il, une sorte de réponse au contenu du discours royal du 6 novembre 2005 appelant à la contribution des partis politiques à l'effort de réflexion sur ce dossier. Selon une source PJD, à Bouznika, il ne s'agissait pas uniquement d'axer toute la réflexion sur la solution du conflit autour du Sahara marocain via une offre d'autonomie, mais d'amener tous les cadres du parti à doter ce dernier d'une vision claire de la régionalisation qui concerne tout le territoire national. Interrogé, il y a quelques semaines sur ce qui est « transférable » aux régions dans l'optique du PJD, le député et membre du secrétariat général Lahcen Daoudi déclarait que son parti était pour «l'autonomie la plus large possible». Ce sont les esquisses de cette autonomie qui devront être élaborées lors des travaux de cette session du conseil national du PJD. La copie finale de ce document sera disponible mercredi 4 janvier 2005 après les dernières retouches. Après le discours royal du 6 novembre 2005, plusieurs partis politiques ont initié le débat au sein de leurs instances autour des scénarii d'autonomie pour les régions du sud. Le secrétariat général du PJD ira encore plus loin en émettant une consigne, le 19 novembre 2005, pour que le débat sur le devenir du Sahara marocain soit élargi à toutes les composantes de ce parti. Ce sont d'ailleurs les amis de Saäd Eddine Othmani qui préparent une conférence internationale sur l'autonomie et la régionalisation. Les islamistes ont invité les représentants de plusieurs pays, notamment scandinaves, mais aussi de Belgique et du Canada, pour prendre part à cette conférence programmée initialement pour le 11 janvier 2006, date à forte charge symbolique pour les Marocains. Cette date coïncidant avec la fête du sacrifice, le PJD est en train de réfléchir à un autre timing. Saâd Eddine Othmani s'était déjà exprimé, et longuement, sur cette question en mars 2005. Dans un exposé, il décline sa conception de la régionalisation au Maroc à travers une dizaine de points. « Les provinces du sud devront bénéficier, dans le cadre d'une régionalisation, d'un traitement exceptionnel qui devra être mentionné dans la Constitution avec la possibilité de prérogatives supplémentaires et des dispositions spéciales adaptées aux spécificités de la région et du dossier», écrivait-il avant d'expliquer qu'il ne s'agit nullement d'une solution à appliquer uniquement à ces régions. Pour Othmani, « l'existence d'une région avec une situation spéciale et un gouvernement régional, face à d'autres régions gérées de manière centralisée, pourrait porter atteinte au principe d'égalité entre les citoyens». Outre le Sahara, les législatives de 2007 s'invitaient aux travaux de cette session du conseil national du PJD. Cet autre aspect, qui tient à cœur aux islamistes, devra faire l'objet d'un mémorandum qui devait être adopté hier dimanche à la clôture des travaux du conclave de Bouznika.