"On s'étonne trop de ce qu'on voit rarement et pas assez de ce qu'on voit tous les jours", disait Madame de Genlis. Trafic de drogue, prostitution, attaques à main armée, agressions de tout genre: voici le lot quotidien des Slaouis. "On s'étonne trop de ce qu'on voit rarement et pas assez de ce qu'on voit tous les jours", disait Madame de Genlis. Trafic de drogue, prostitution, attaques à main armée, agressions de tout genre: voici le lot quotidien des Slaouis. Certes, l'insécurité galopante ne caractérise pas uniquement cette ville. Mais force est de constater que Salé est devenu un lieu où il ne fait pas bon de vivre. Les habitants se plaignent continuellement, auprès des autorités locales, de l'aggravation de la situation sécuritaire. Le constat est sans appel. Le quartier Kariat Ouled Moussa est tristement célèbre par le trafic de stupéfiants. Tout peut être acheté auprès des dealers de ce quartier: alcool, haschich, cocaïne, comprimés psychotropes… Les réseaux qui s'y trouvent sont nombreux et dangereux. Les forces de l'ordre opèrent souvent des ratissages. Des arrestations s'en suivent. Mais une fois un trafic démantelé, un autre prend sa place presque instantanément et hérite de ses fournisseurs et ses clients. Inutile de rappeler que tout ce beau monde opère dans des bidonvilles, difficilement accessibles pour les forces de l'ordre. D'ailleurs, même ces derniers ont du mal à accorder leurs violons. Dans un quartier comme celui d'Oued El Khanez, rebaptisé Oued Eddahab, la frontière entre le périmètre urbain et le périmètre rural est indéfinissable car elle passe en plein milieu d'un bidonville. Du coup, les policiers et les gendarmes trouvent d'énormes difficultés à intervenir efficacement. Rappelons que l'exode rural bat son plein à Salé. Les originaires de la tribu Shoul côtoient ceux de Zaër et de Zemmour. Les premiers sont connus pour leur tempérament violent et parfois même belliqueux. Bien évidemment, il n'est pas question d'exterminer les Souahlas. Mais le constat est là. Ce qui n'arrange pas les choses, c'est l'existence de la prison civile en plein cœur de la ville. Après avoir purgé leur peine, les criminels sont jetés dans la nature Slaouie. Un ancien détenu originaire d'une ville éloignée, sans le sou, n'a en définitive que deux choix, l'un plus grave que l'autre. Soit agresser le premier passant qu'il rencontre afin de payer le ticket de retour chez lui, soit intégrer un réseau de criminels. Parfois, les recrutements se font à l'intérieur même de la prison, avant même la libération du détenu. Ceci-dit, la démolition de la prison civile de Salé n'est pas une solution. On devrait réfléchir à l'amélioration des conditions de détention, d'une part, et à la prise en charge des détenus dès leur libération, d'autre part. Figurez-vous que le nombre d'abandon de famille a également atteint des degrés alarmants. Le père étant parti, la majorité des enfants sombrent dans la délinquance. En somme, Salé est un cas d'école en matière d'insécurité. Plusieurs ministres en sont concernés. C'est une question de sécurité tout d'abord (El Mostafa Sahel), mais également d'habitat (Toufiq Hjira), de politique territoriale (Mohamed Elyazghi), de conditions de détention (Mohamed Bouzoubaâ), d'éducation (Mohamed El Malki et Ahmed Taoufiq), d'abandon familial (Yasmina Badou), d'exode rural (Mohand Laenser)…