ONG, chercheurs, survivants de traite des êtres humains L'esclavage est l'une des plus grandes tragédies de l'histoire humaine. Bien qu'elle soit abolie, cette pratique perdure sous d'autres formes. En 2022, la lutte contre ce phénomène mondial multiforme se poursuit. Traite humaine, servitude domestique, mariages précoces ou forcés, esclavage par le travail... les pratiques esclavagistes ont la peau dure entraînant des sévices physiques et psychologiques indélébiles pour le(s) survivant(e)s. Une situation qui s'est amplifiée durant la période de la Covid-19 en raison de la précarité que cette pandémie entraîne. C'est dans ce sens qu'a été organisée à Marrakech du 27 au 30 mars 2022 la 9ème édition du Forum de lutte contre l'esclavage moderne sous le thème «Redynamiser la lutte contre l'esclavage moderne: initier des réponses locales pour dégager des solutions mondiales». En plus d'offrir un espace d'échange pour trouver des solutions concrètes contre l'esclavage dans toutes ses facettes, cette rencontre donne de l'épaisseur à la cause en permettant aux anciennes victimes d'apporter leurs poignants témoignages. En tant qu'activité illicite, l'esclavage moderne sous ses multiples formes constitue un business juteux pour les geôliers et les trafiquants. «Le trafic d'êtres humains engendre plus de 150 milliards de dollars par an», affirme Bukeni Waruzi, directeur exécutif de «Free the slaves», appelant l'ensemble des acteurs concernés aussi bien au niveau local qu'international à s'impliquer activement pour éradiquer ces pratiques. Plus de 75 dirigeants d'ONG venant de 30 pays prennent part à cet évènement. Société civile, cadres de l'ONU, responsables gouvernementaux, chercheurs universitaires, d'anciennes victimes de la traite des êtres humains... Autant d'acteurs réunis pour échanger autour de cette thématique d'envergure et aboutir à des orientations stratégiques. Il faut dire que malgré les efforts pour lutter contre l'esclavage moderne et les différents mécanismes onusiens mis en place, du chemin reste à faire. Les chiffres sont éloquents. «Il est difficile de se faire une idée précise de son ampleur. Selon les estimations à l'échelle mondiale, le nombre de personnes victimes de formes contemporaines d'esclavage dans le monde dépasse les 40 millions, dont 28 millions sont des femmes et des filles. Une personne sur quatre est un enfant. Pire encore, le phénomène se développe et on constate de plus en plus que la discrimination, l'exclusion sociale, l'inégalité entre les sexes, les disparités en matière d'opportunités, à savoir la vulnérabilité sous toute ses formes, sont au cœur des problématiques qui nourrissent actuellement les formes contemporaines d'esclavage», relève Abdelkarim Boujradi, secrétaire général à la Délégation interministérielle aux droits de l'Homme. Dans ce sens, il invite l'ensemble des responsables étatiques à entreprendre des mesures fermes et concrètes et à renforcer leur coopération afin de lutter contre ce phénomène et honorer les engagements pris dans le cadre des ODD 8.7. Cet objectif consiste en effet à mettre fin à l'esclavage moderne, supprimer le travail forcé d'ici 2030 et en finir avec le travail des enfants d'ici 2025. Pour les organisateurs de cet événement, cette rencontre témoigne des efforts déployés par le Maroc en matière de développement durable dans le cadre de l'Alliance 8.7 des Nations Unies. A noter que Free the Slaves est le secrétariat du Forum de lutte contre l'esclavagisme moderne. Capitalisant sur ses vingt ans d'existence, cette institution a mené des actions ciblées en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Sa finalité serait de mettre fin aux conditions conduisant à l'esclavage moderne, notamment la vulnérabilité et l'exploitation. Elle s'active pour développer de nouvelles approches plus pertinentes conçues par les différentes communautés. Ce mouvement entend se renforcer à travers l'élaboration d'une stratégie claire et une meilleure coordination. En 2021, ce forum a pu regrouper les conclusions de 5 forums régionaux et ainsi de dégager les priorités de la population locale. Partant de là, les données recueillies et transférées aux organisations mondiales et aux différents leaders pour impliquer et sensibiliser la communauté internationale à ce fléau. Une dynamique qui prend une nouvelle dimension avec la 9ème édition qui traitera aussi des causes de l'esclavage moderne et ses causes afin de mettre en exergue les priorités régionales et celles ayant un aspect global.