Après le 3ème Festival du film méditerranéen, Tanger se prépare à accueillir le 8ème Festival national du film. Un choix qui consacre la vocation cinéphilique de la ville du détroit. Décidément, Tanger s'est imposée comme lieu de rencontre incontesté pour les cinéphiles. Forte du succès de la 3ème édition du Festival du court-métrage méditerranéen (septembre dernier), la ville du détroit donne rendez-vous pour une nouvelle rencontre cinématographique : 8ème Festival national du film (FNF). Il s'agit ici d'une récidive, la même ville avait déjà abrité en 1995 une édition de ce festival itinérant et bi-annuel. Le retour du FNF à la ville du détroit intervient à un moment où la cinématographie marocaine réalise des progrès salués au plan autant national qu'international. La 8ème édition du FNF, prévue du 2 au 10 décembre 2005, se présente ainsi sous le signe de la consécration. Au niveau de la production, le Maroc est aujourd'hui le 1er producteur de films dans le monde arabe. Avec la production d'un long-métrage par mois, et d'un court-métrage par semaine, notre pays a détrôné un pays arabe de grande tradition cinématographique: l'Egypte. Capitalisant un total de 12 films par an, le Maroc a également semé de loin l'Algérie qui ne vit, depuis quelque temps, que de la production de ses cinéastes de la diaspora, et la Tunisie qui produit bon an mal an 1 ou 2 longs-métrages. A l'échelle africaine, le Maroc est le 2ème grand producteur de films après l'Afrique du Sud. Bien sûr, cette percée n'est pas uniquement d'ordre numérique. Nos cinéastes ont bel et bien réussi à imposer leurs choix esthétiques, au plan aussi bien régional qu'international. Si les films restent somme toute inspirés de notre réalité, ils ne perdent pas de vue cette dimension universelle, c'est-à-dire humaniste, ce qui a valu à certains d'entre eux de récolter plusieurs prix dans de nombreux festivals internationaux. On peut citer, à titre illustratif, «A Casablanca, les anges ne volent pas» de Mohamed Asli (Grand prix du Festival d'Alexandrie, Tanit d'or du Festival du Caire), «Mémoire en détention» de Jilali Ferhati (Prix du meilleur scénario au Caire, Grand prix du Festival du cinéma arabe à Rotterdam), Grand prix également du Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan), «L'Enfant endormi » de Leïla Marrakchi (21 prix), «Le Grand Voyage» d'Ismaël Ferroukhi (Prix Dino de Laurentis de la Mostra de Venise)… Le choix du Maroc comme premier pays arabe pour inaugurer au mois de mai dernier la nouvelle section du Festival de Cannes «Cinémas du Monde» vient confirmer ce progrès. Qu'est-ce qui aurait donc été à l'origine de ce sursaut remarqué? «Techniquement, il y a une plus grande maîtrise. Chaque réalisateur commence à revoir ses outils, son discours… Le folklore a été mis de côté…». Voilà ce qui expliquerait, aux yeux de Jilali Ferhati, cette reconnaissance étrangère pour le cinéma marocain. En effet, nos réalisateurs ont accompli ces dernières années un travail sérieux de remise en question, ce qui se remarque à travers non seulement la maîtrise de la technique mais aussi l'adoption d'un discours ayant prise sur la réalité. Ce nouveau cap a permis à notre cinéma d'avoir l'estime de son public et celui de la critique, ici ou à l'étranger. C'est dans ce beau contexte qu'intervient le 8ème Festival national du film. Une nouvelle édition qui, tout en se voulant hommage aux films marocains des deux dernières années, consacre une ville dépositaire de la mémoire cinématographique et ouverte sur l'avenir.