La banque centrale tient son premier Conseil de l'année L'inflation poursuit son accélération entamée en 2021, tirée par les pressions d'origine externes liées à la flambée des prix des produits énergétiques et alimentaires et la hausse de l'inflation chez les principaux partenaires économiques. Le taux directeur ne bougera pas d'un iota. C'est ce qui ressort du Conseil de Bank Al-Maghrib tenu mardi 22 mars en guise de première session de l'année 2022. «Prenant en compte le retour prévu de l'inflation à des niveaux modérés en 2023, le Conseil a décidé de maintenir l'orientation accommodante de la politique monétaire et ce, pour continuer à soutenir l'activité économique et atténuer l'impact de l'environnement international défavorable. Il a décidé en conséquence de garder le taux directeur inchangé à 1,50%», annonce la banque centrale dans un communiqué à l'issue de sa réunion où BAM a procédé à une analyse approfondie de l'environnement international marqué par les évènements liés à la guerre en Ukraine à un moment où la reprise économique mondiale fait déjà face à plusieurs défis, notamment le renchérissement des matières premières, la persistance des perturbations des chaînes mondiales de production et d'approvisionnement et les fortes pressions inflationnistes. «Si l'issue et la durée de ce conflit restent incertaines, ses retombées sont déjà palpables sur les marchés financiers, les cours des matières premières, le commerce mondial et sur l'activité économique de manière générale. Ces développements ne sont pas sans conséquences sur l'économie nationale confrontée, par ailleurs, à des conditions climatiques particulièrement défavorables caractérisées par un important déficit pluviométrique», poursuit la même source. Dans ce sens, BAM affirme avoir pris note du niveau extrêmement élevé des incertitudes qui entourent les projections macroéconomiques élaborées par les services de la Banque. Ces dernières font ressortir notamment une baisse sensible de la valeur ajoutée agricole ainsi qu'une certaine consolidation des activités non agricoles, favorisée par l'avancée notable de la campagne de vaccination, l'assouplissement des restrictions sanitaires, ainsi que le maintien du stimulus monétaire et des mesures de soutien sectorielles. Elles tablent également sur une forte accélération de l'inflation cette année parallèlement à une relative résilience des équilibres extérieurs et des finances publiques. Plus loin, le Conseil a relevé que l'inflation poursuit son accélération entamée en 2021, tirée par les pressions d'origine externes liées à la flambée des prix des produits énergétiques et alimentaires et la hausse de l'inflation chez les principaux partenaires économiques. «Ainsi, après un taux de 1,4% en 2021, l'inflation devrait ressortir à 4,7% en 2022 avant de revenir à 1,9% en 2023. De même, sa composante sous-jacente augmenterait de 1,7% à 4,7% puis décélèrerait à 2,6%», conclut BAM. La banque centrale explique enfin que sous l'effet essentiellement de la flambée des cours des matières premières, le déficit du compte courant se creuserait à 5,5% du PIB en 2022 après 2,6% en 2021, avant de revenir à 3,7% en 2023. Les importations progresseraient en effet de 14,9% en 2022 en lien avec l'alourdissement de la facture énergétique et l'augmentation des acquisitions des produits agricoles et alimentaires et des biens de consommation. En 2023, la hausse se limiterait à 1,1%, sous l'effet notamment de l'allègement prévu de la facture énergétique. Bonne dynamique Selon BAM, les exportations devraient s'améliorer de 12,5% en 2022 et de 3,4% en 2023, tirées principalement par l'accroissement des ventes de la construction automobile et par la hausse de celles des phosphates et dérivés en 2022. Tout en restant à des niveaux inférieurs à ceux d'avant-crise, les recettes de voyage connaîtraient une reprise graduelle, passant de 34,3 milliards de dirhams en 2021 à 47 milliards en 2022 et à 70,9 milliards en 2023. Les transferts des MRE devraient retrouver progressivement leur niveau d'avant-crise, revenant à 79,3 milliards en 2022 et à 70,8 milliards en 2023, après un niveau exceptionnel de 93,3 milliards en 2021. Concernant les IDE, les recettes avoisineraient l'équivalent de 3% du PIB en 2022 et 3,5% en 2023. Au total, et tenant compte notamment des financements extérieurs prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve se situeraient à 342,8 milliards de dirhams à fin 2022 et à 347,3 milliards à fin 2023, assurant ainsi une couverture autour de 6 mois et demi d'importations de biens et services.