Hassan, un charlatan âgé de 46 ans, vient d'être condamné à cinq ans de réclusion criminelle pour viol. Il a abusé d'une jeune femme, Khadija, venue lui demander sa «baraka» pour la guérir de l'épilepsie. «Il m'a frappée…Il m'a frappée», a balbutié Khadija en s'adressant aux trois magistrats de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Fès. Sa mère, Hadda, se tenait à sa droite sans prononcer la moindre parole. Larmes aux yeux, elle la regardait avec amertume. Elle éprouvait de grands remords. Elle s'estime responsable de ce qui est arrivé à son unique fille, Khadija. Epileptique, cette jeune femme de trente-quatre ans souffre depuis son enfance de crises convulsives et d'un retard mental. Ses parents n'ont ménagé aucun effort pour que son état se rétablisse. Ils l'ont emmenée chez plusieurs médecins spécialisés en psychiatrie mais en vain. Son état de santé ne s'est pas amélioré. Les crises de convulsions étaient presque quotidiennes. «Il faut l'emmener chez le f'kih Hassan», a conseillé un jour une voisine de la mère de Khadija. Hadda ne croyait pas à ces charlatans. Elle a toujours refusé de les fréquenter. Elle se disait que ce sont des escrocs qui profitent de la naïveté des gens. Elle a beaucoup hésité avant d'emmener sa fille à l'un des f'kihs de Fès. Sa voisine l'a encouragée. «Tu ne perdras rien si tu l'emmènes chez le fkih Hassan», lui répétait-elle avec insistance. La voisine a réussi à convaincre Hadda au moins de rendre visite au f'kih qui dispose d'une chambre dans un quartier populaire de Fès. «Votre fille est possédée par des jnouns»,martèle le guérisseur. «Et vous avez bien fait de la ramener. Je vais l'exorciser», l'a rassurée en lui demandant en contrepartie une somme de mille dirhams. En comparaison avec ce qu'elle a dépensé en médicaments pour guérir sa fille, la somme demandée est dérisoire aux yeux de Hadda. Il pose sa main droite sur la jeune femme et lit quelques versets coraniques. Puis, il l'asperge d'un peu d'eau. Avant de partir avec des amulettes et l'encens à la main, Hadda lui a glissé un billet de 100 dirhams. Une semaine plus tard, la mère, accompagnée de sa fille unique, est retournée chez Hassan. «Elle n'a pas eu de convulsion cette semaine», lui a-t-elle confié, l'air on ne peut plus satisfaite. Très fier, le charlatan Hassan la rassure. «Mais si tu veux qu'elle soit guérie au plus tard dans une semaine, il faut la laisser chez moi durant trois jours», a-t-il affirmé à la mère, qui lui a remis mille dirhams. Hadda souhaitait vivement que sa fille soit en bonne santé comme n'importe quelle fille de son âge. Sans hésitation, elle accepta rapidement la proposition du charlatan. Après le départ de la mère, Hassan demanda à Khadija de s'allonger sur le lit. Elle resta immobile à sa place. Il lui expliqua qu'il doit l'exorciser. Ne comprenant pas ce qu'il dit, elle s'est contentée de le regarder. Ainsi, Hassan lui prend la main et la conduit au lit. Il a commencé à la dévêtir. Khadija a refusé. Il a tenté de la convaincre qu'il fait cela pour son bien. Elle résista. Cependant, il l'obligea de se dévêtir et il s'est jeté sur elle pour la violer sans pitié. Sa mère qui a passé une nuit blanche l'a rejointe le lendemain vers midi. Une fois rentrée, la fille a accouru vers elle en pleurant. «Il m'a violée», a-t-elle crié à sa mère qui l'a conduite aussitôt au commissariat de police pour déposer plainte. Hassan a été arrêté et présenté à la justice. «Je ne l'ai pas violée », a-t-il nié. Mais la Cour ne l'a pas cru. Elle l'a condamné à 5 ans de réclusion criminelle.