Samir, un repris de justice âgé de 33 ans, vient d'être condamné à six ans de réclusion criminelle par la Cour d'appel de Casablanca. Le mis en cause a violé une jeune fille sous la menace d'une arme blanche. Chambre criminelle, premier degré, près la Cour d'appel de Casablanca. Le mis en cause s'appelle Samir. Il est poursuivi pour kidnapping et viol. Devant les magistrats, une jeune fille se tenait à côté de lui. « Es-tu un repris de justice ? », lui demande le président de la Cour. Samir a tourné ses regards vers l'assistance avant de répondre : «Oui, j'ai été arrêté et emprisonné à trois reprises », a-t-il balbutié. Sa mère, qui sanglotait sans cesse, ses deux sœurs et son frère assistaient à l'audience. La pauvre femme espérait un avenir meilleur pour son enfant. Depuis son enfance, elle et son mari déployaient tous leurs efforts pour l'aider à réussir. Quand il a abandonné l'école au primaire, ses parents l'ont inscrit dans une école privée pour poursuivre ses études. Deux ans plus tard, il a refusé d'y retourner. Convaincus du fait qu'ils jettent leur argent par la fenêtre, ses parents ont renoncé à leur désir pour se conformer à celui de leur enfant. Samir est resté à la maison à ne rien faire pendant quelques mois avant de rejoindre un mécanicien. Ce dernier, ne supportant pas les agissements de Samir, l'a chassé. Depuis, Samir chôme. Entre-temps, il a entretenu des relations amicales avec des jeunes délinquants. La mauvaise fréquentation l'a incité à commettre des crimes comme le vol à l'arraché. En conséquence, il a été arrêté pour la première fois, alors qu'il était à son dix-septième printemps. Il a purgé une peine d'emprisonnement de quatre mois ferme. Relâché, il est devenu le sbire de son quartier. Il se droguait, se soûlait, agressait les passants et se bagarrait sans cesse. Il a été interpellé à maintes reprises par la police. Il a été traduit deux autres fois devant la justice. La première lui a coûté une année de prison ferme pour complicité au vol qualifié et coups et blessures. Quant à la dernière fois, il a purgé une peine de dix-huit mois de prison ferme pour trafic de drogue, coups et blessures et menace à l'arme blanche. Et pourtant, il semblait n'avoir pas l'intention de mener une vie honnête. Cette fois-ci, il est accusé d'avoir enlevé une jeune fille de dix-huit ans et de l'avoir violé. Une accusation qu'il a rejetée en bloc. « Elle était ma maîtresse, avec laquelle j'entretenais une relation amoureuse depuis deux ans », a-t-il affirmé à la Cour. Il s'est défendu en expliquant qu'elle l'accompagnait de temps en temps chez lui pour passer ensemble des moments intimes. Il a précisé que la jeune fille a couché plusieurs fois avec lui. « Pourquoi as-tu couché cette fois-ci avec elle dans un terrain vague ? », lui a demandé le président de la Cour. «Elle m'a demandé de lui faire l'amour et mes parents étaient à la maison…Je suis un homme et je ne peux pas lui refuser sa demande…», a-t-il répondu. Le président de la Cour s'est adressé ensuite à la jeune fille : «Qu'en dis-tu?». « Il a menti, M. le président », dit-elle en sanglotant. La jeune fille, qui semble encore sous le choc, n'a pu retenir ses larmes. Je ne le connais pas, je ne l'ai jamais vu, a-t-elle précisé à la Cour. Elle était sur le chemin de retour à la maison quand elle a été croisée par le mis en cause. « Il semble qu'il était drogué », a-t-elle précisé. Sans lui adresser le moindre mot, il a brandi un couteau et l'a poussée devant lui. Il n'y avait que deux ou trois hommes qui passaient. Ils l'ont vu. Mais personne n'a pu s'approcher de lui. Au contraire, peureux, ils l'ont laissée seule et ont continué leur chemin. Quand elle a tenté de crier, il lui a donné un coup de poing. Elle s'est tue. Conduite dans un terrain vague, elle a été violée à deux reprises avant d'être relâchée. Une plainte a été déposée. Le mis en cause, qui n'était pas loin du lieu de son crime, a été arrêté. Après avoir écouté le réquisitoire du représentant public et la plaidoirie de l'avocat de la défense, la cour s'est retirée pour délibérer. Après les délibérations, Samir est jugé coupable uniquement pour viol et condamné à six ans de réclusion criminelle.