La coordination nationale algérienne des familles des disparus (CNFD) a décidé de saisir la Commission des droits de l'Homme (CDH) des Nations Unis à propos des cas des disparitions forcées durant "la décennie noire" en Algérie. Dans un communiqué à la presse, cette coordination, qui affirme bénéficier du soutien de plusieurs ONG, a indiqué avoir remis à la CDH près d'un millier de dossiers de disparus. La coordination, qui souligne que "la totalité des disparitions forcées sont imputables aux services de sécurité", réitère son engagement à poursuivre "la lutte pour que la vérité soit faite sur le sort des victimes et que justice leur soit rendue". En citant à l'appui de sa position les déclarations du rapporteur spécial de la CDH, M. Philip Alston et du président-rapporteur du groupe de travail de cette commission sur les disparitions forcées, M. Stephen Toop, selon qui " aucun plan de paix en Algérie ne peut ignorer le droit des victimes à la vérité", cette organisation insiste sur le fait que "le crime de disparition forcée est, en vertu du droit international, un crime imprescriptible". Elle rappelle, dans le même ordre d'idées, que le rapport élaboré par le comité ad hoc sur les disparitions forcées, émanant de la Commission nationale algérienne de protection et de promotion des droits de l'homme (CNPPDH- officielle), a recensé "6.146 disparitions forcées attribuées à des agents des services de sécurité". Il est à rappeler que ce rapport a admis la responsabilité des agents de l'Etat à titre individuel, tout en écartant la responsabilité pénale des institutions de l'Etat en tant que telles. Me Yahia Abdennour, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), qui donnait mercredi une conférence de presse à la veille de la tenue du deuxième congrès de l'organisation, a estimé, quant à lui, le nombre de disparus à près de 20.000. "En l'an 2000, nous avons recensé 7204 cas individuels. Nous avons leurs photos et tous les renseignements sur leur enlèvement. Ils ont été, selon les déclarations des familles, enlevés par les services de sécurité", a-t-il précisé. "Toutefois lorsque les familles viennent déposer plainte et racontent les circonstances de l'enlèvement, elles nous disent que plusieurs personnes ont été enlevées en même temps. Nous ignorons cependant le sort de ces personnes car leurs familles n'ont pas déposé plainte par crainte de représailles", a-t-il dit.