Il est vrai qu'un mode de scrutin, au-delà de son aspect technique, peut s'avérer, conjugué à un découpage donné, un moyen politique pouvant favoriser certains partis au détriment d'autres. Les élections législatives s'approchent mais l'ambiance demeure plombée. Rien n'indique dans le comportement des partis politiques que le Maroc vivra bientôt, en 2007, une nouvelle expérience électorale. Certes, la mobilisation bat son plein autour de la loi sur les partis qui à cause du retard pris bénéficiera d'une session extraordinaire prévue la fin du mois pour voter en plénière un texte dont les effets ne commenceront pourtant qu'après 2007. En fait, ce qui intéresse dans l'immédiat les états-majors des formations politiques, c'est le mode de scrutin et le découpage électoral qui va avec. En effet, nombre d'acteurs du paysage partisan ont regretté la suppression du scrutin uninominal à un seul tour au profit du scrutin de liste lors des dernières élections communales et législatives. Une réforme introduite par le gouvernement d'alternance, motivée chez son chef Abderrahmane Youssoufi par cette volonté de pousser les électeurs à voter pour des partis et des programmes plutôt que pour des individus. Mais ce serait sans compter avec la capacité des candidats à dévoyer un système qu'ils ont réussi à vider de sa substance. Du coup, c'est la course vers les têtes de liste assurées de victoire sur fond de compétition malsaine où les arguments ne sont pas forcément ceux que l'on croit. Cette situation a donné lieu y compris chez les grands partis à des déchirements et des arbitrages vécus par les exclus comme une grande injustice. Sans oublier le maintien des travers véhiculés par l'ancien mode comme l'achat des voix et la séquestration d'élus à l'occasion notamment des élections de bureau des présidents de commune. En un mot, on n'a modifié que la forme mais le fond est resté inchangé ou presque. Il est vrai qu'un mode de scrutin, au-delà de son aspect technique, peut s'avérer, conjugué à un découpage donné, un moyen politique pouvant favoriser certains partis au détriment d'autres. Ainsi du scrutin uninominal à deux tours qui a aujourd'hui les faveurs de formations comme l'USFP et l'Istiqlal. Ce mode d'élection a ceci d'avantageux qu'il favorise les alliances entre partis de la même famille. On comprend dès lors pourquoi une formation comme le PJD, qui fera cavalier seul, tient plutôt au système de liste car au second tour de l'uninominal les islamistes ne bénéficieraient pas d'un report de voix pouvant être décisif et favorable pour des partis optant au préalable pour des alliances. Il n'y a que des partis très implantés dans le monde rural comme la mouvance populaire à revendiquer le retour au scrutin uninominal à un seul tour. La raison en est officiellement la facilité qu'une notabilité locale à aller labourer une petite circonscription qui devient immense et donc difficile à “travailler“ dans le scrutin de liste. La vérité c'est que l'ancien mode permet à chaque notabilité de garder son petit fief où il est connu et d'éviter ainsi le casse-tête de la liste qui ne peut pas permettre à une flopée de candidats du même calibre d'occuper tous la position convoitée.