Les superficies devraient s'étendre à 50.000 ha pour le tournesol et 30.000 ha pour le colza d'ici 2030 La filière des oléagineux se fixe des objectifs réalistes dans le cadre de la nouvelle feuille de route agricole «Al Jayl Al Akhdar». A l'horizon 2030, les superficies devraient s'étendre à 80.000 hectares : 50.000 ha pour le tournesol et 30.000 pour le colza. Cette production devrait couvrir à terme 15% des besoins du marché marocain contre seulement une couverture de 1,7% en 2019. Ces anticipations ont été dévoilées lors d'une conférence dédiée à «Maghreb oléagineux», un programme initié par l'interprofession française Terres Univia et cofinancé par l'Union européenne en vue d'accompagner le développement de la filière marocaine de colza et de tournesol. «La stratégie Al Jayl Al Akhdar permettra de consolider et pérenniser les acquis du Plan Maroc Vert et de poursuivre la structuration du secteur en encourageant dans les territoires ruraux l'essor d'organisations agricoles et d'entrepreneurs. Ces activités génératrices d'emplois et de revenu bénéficieront notamment aux jeunes et permettront l'émergence d'une classe moyenne agricole», indique dans ce sens Nabil Chaouki, directeur de développement des filières de production au ministère de l'agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. Plaçant le capital humain au cœur de ses priorités, Al Jayl Al Akhdar apporte un soutien indéfectible à l'entrepreneuriat des jeunes, notamment dans les services agricoles et para-agricoles. La stratégie devrait ainsi aboutir à la création de 170.000 emplois dans ces domaines et renforcer les dispositifs de conseil, l'accès aux intrants, la collecte et la commercialisation des graines. «La filière oléagineuse jouera un rôle important dans cette dynamique socio-économique ainsi que pour le renforcement de la résilience de l'agriculture marocaine face au changement climatique», assure M. Chaouki. Une relance amorcée depuis 2009 Les perspectives tracées pour les oléagineux dans le cadre d'Al Jayl Al Akhdar insuffleront un nouvel élan à la filière dont la relance a été amorcée depuis 2009 conformément aux dispositions du Plan Maroc Vert. Des avancées organisationnelles ont été observées durant ce cap, notamment après la signature du contrat programme en 2013 entre le gouvernement et la Fédération interprofessionnelle des oléagineux (FOLEA). Ce rapprochement a en effet permis de mettre en place les outils adéquats pour le développement de la filière oléagineuses. De 2013 à 2020, les indicateurs de performances de la filière font état d'une progression moyenne de plus de 50% des surfaces cultivées en tournesol et colza ainsi que d'une superficie de 40.000 hectares à son plus haut niveau. Rappelons que l'introduction des cultures oléagineuses au Maroc date des années 60-70. Ce n'est qu'à partir des années 80 que la filière commence à observer une phase d'essor. Ceci se traduit par des réalisations importantes. Citons à titre d'exemple des emblavements de l'ordre de 200.000 hectares pour le tournesol et de 3.000 hectares pour le colza. Il est à noter que l'introduction du tournesol et du colza au niveau national a été motivée par la nécessité de diversifier la rotation de cultures. Le but étant de renforcer les performances des cultures céréalières ainsi que d'améliorer l'autonomie nationale en huiles et protéines végétales. Vers une organisation territoriale pérenne et performante A l'heure actuelle, le renforcement de la filière oléagineuse au Maroc vient répondre à des enjeux de taille, notamment celui de la résilience agricole ainsi que l'amélioration de la balance commerciale. L'heure étant également d'atteindre une organisation territoriale performante et pérenne de cette filière allant ainsi de la mise en culture à la collecte des graines. «Le monde agricole marocain peut tirer plusieurs avantages de l'intégration des cultures oléagineuses. Ces dernières participent à stabiliser et à améliorer les revenus des agriculteurs, sans oublier que ces cultures contribuent à la structuration du monde agricole à l'échelle territoriale, à travers l'émergence de coopératives et d'entrepreneurs agricoles, renforçant ainsi le tissu socio-économique rural», indique pour sa part Hassan Benaderrazik, cofondateur et directeur général d'Agroconcept. L'émergence d'une organisation territoriale passe également par le renforcement des capacités des acteurs et la mise en place d'un cadre propice au développement de l'entrepreneuriat agricole. Maghreb Oléagineux : 2.300 agriculteurs bénéficiaires en trois ans Fruit d'une étroite collaboration avec l'Office national du conseil agricole (ONCA), de la FOLEA et de Terres Univia, le programme Maghreb Oléagineux, cofinancé par l'Union européenne, s'inscrit pleinement dans la stratégie de développement de la filière oléagineuse des pouvoirs publics et de l'interprofession. Ce dispositif atteignant ainsi sa troisième année se fixe pour priorité l'accompagnement technique et la montée en compétences du monde agricole. «Le transfert de bonnes pratiques aux agriculteurs est un facteur clé de succès. Les visites de champs (Field Days), animées par les conseillers formés par Terres Univia, participent à la diffusion de ces best practices et permettent d'informer les producteurs sur les atouts des semences européennes de colza et de tournesol pour réussir leur culture», indique dans ce sens Guénaël Le Guilloux, responsable du développement international chez Terres Univia et directeur d'Agropol, l'association de coopération pour le développement à l'international des filières oléo-protéagineuses. Le programme contribue, en effet, à la formation des acteurs de terrains et sensibilise les décideurs à l'intérêt des filières oléagineuses. On note dans ce sens la formation de 86 conseillers et 76 prestataires marocains depuis le lancement de ce programme en 2019. De même, 88 «Field days» ont été organisés tout au long de ces trois dernières années bénéficiant ainsi à plus de 2.300 agriculteurs.