Dans un nouveau rapport, la Banque mondiale tire la sonnette d'alarme Dans une nouvelle édition du rapport Groundswell, la Banque mondiale estime que 216 millions de personnes sont menacées de devenir des réfugiés climatiques à l'horizon 2050. Des foyers de migration climatique interne pourraient apparaître dès 2030 et s'accroître progressivement jusqu'en 2050. Selon le rapport, à l'horizon 2050, l'Afrique du Nord pourrait enregistrer jusqu'à 19 millions de migrants climatiques internes. Concernant le Maroc, le rapport signale que 1,9 million de Marocains (soit 5,4% de la population totale) seraient amenés à migrer à l'intérieur du Royaume à l'horizon 2050 dans le scénario le plus pessimiste, c'est-à-dire si les responsables ne prennent aucune mesure en faveur du climat. Le rapport met en exergue trois scénarios concernant la migration climatique interne : le scénario pessimiste (émissions élevées de gaz à effet de serre combinées à des trajectoires de développement inégales), le scénario de développement plus inclusif (émissions toujours élevées mais combinées à des trajectoires de développement améliorées) et le scénario plus favorable au climat «climate-friendly» (émissions de gaz à effet de serre réduites). Ainsi, dans le cas du scénario du développement plus inclusif, il est prévu 1,5 million de migrants marocains, soit 4% de la population. Dans le cas du 3ème scénario, selon les projections, il y aurait 0,5 million de migrants marocains (1,3% de la population). Dans les deux premiers scénarios, les migrants climatiques vont constituer à l'horizon 2050 respectivement 21%, 52% du total des migrants internes au Maroc. Dans le cas du 3ème scénario, ils représentent 10% du total des migrants internes. A noter que cette approche basée sur des scénarios permet aux décideurs de mieux comprendre et planifier les mouvements éventuels de populations à l'intérieur de leur pays –dans le temps et à travers différentes zones géographiques– en raison des effets du changement climatique. Selon le rapport, en Afrique du Nord, les perturbations de la disponibilité de l'eau seront probablement le principal moteur des migrations climatiques internes. «Elles chasseront les populations des régions côtières et intérieures où les pénuries d'eau s'aggravent, ralentissant la croissance démographique dans les foyers d'émigration le long de la côte nord-est de la Tunisie, de la côte nord-ouest de l'Algérie, dans l'ouest et le sud du Maroc ainsi que sur les contreforts de l'Atlas central qui subissent déjà le stress hydrique», peut-on lire. Parallèlement, plusieurs autres lieux où l'eau est plus abondante devraient devenir des foyers d'immigration climatique, notamment des centres urbains importants comme Le Caire, Alger, Tunis, Tripoli, le corridor Casablanca-Rabat et Tanger. Au Maroc, les villes côtières en expansion devront mettre en œuvre une planification urbaine résiliente et inclusive, qui tienne compte des risques climatiques et de leurs impacts sur les secteurs économiques clés et les infrastructures urbaines. D'autre part, les mesures d'adaptation seront toujours aussi importantes pour les secteurs sensibles au climat, notamment l'agriculture, étant donné son importance pour les moyens de subsistance et l'emploi dans la région. Au Maroc, la gestion et le développement intégrés des ressources en eau seront essentiels, tout comme les efforts visant à assurer une croissance économique à faible émission de carbone et résiliente. La Banque mondiale prévoit que d'ici 2050, l'Afrique subsaharienne pourrait compter jusqu'à 86 millions de migrants climatiques ; l'Asie de l'Est et Pacifique, 49 millions ; l'Asie du Sud, 40 millions ; l'Amérique latine, 17 millions ; et Europe de l'Est et Asie centrale, 5 millions.