Le 25 juin 2003, le «Constanta», un navire de guerre battant pavillon roumain, embarquait une centaine d'artistes, écrivains et journalistes pour une croisière à travers plusieurs pays méditerranéens. Objectif : délivrer, de port en port, un message de paix. ALM a été de ce périple, il veut bien le partager avec ses lecteurs. Les pacifistes en avaient certes le cœur gros, mais ils ne tarderont pas à être consolés : l'appel de la Tunisie, troisième escale après Mostaganem et Alger, résonnait comme une délivrance. Le 29 juillet 2003, le «Constanta» leva le voile vers Hammamet. Les moteurs du «Constanta» vrombissaient à tue-tête, au moment du départ du port d'Alger. Par un paisible matin, le navire de guerre, escorté par deux vedettes de la Marine algérienne, a vite fait d'atteindre sa vitesse de croisière. Derrière, Alger offrait un spectacle plus que désolant. A bord du destroyer, les pacifistes étaient certes frustrés de ne pas avoir pu visiter la capitale algérienne. Mais, après leurs tribulations, ils voulaient vite oublier. On ne parlait que de l'attrait ensorceleur de Hammamet : soleil, plages dorées, logis peints, à l'instar des îles, aux couleurs bleu ciel, objets artisanaux, et tout. Les pacifistes avaient hâte de découvrir ce petit paradis terrestre. A l'heure où le soleil se préparait à piquer son plongeon dans le large, Hammamet pointait déjà du nez. Des cris se levèrent à la proue du «Constanta». Que s'est-il alors passé ? «Mais regardez, il y a deux dauphins qui nous escortent», lance un passager, l'air surpris. Tout d'un coup, c'est la ruée vers la proue. Pour immortaliser ce moment privilégié, certains apportèrent leurs appareils-photos. L'escale tunisienne s'annonça bien. Nous serons accueillis au son des fanfares, au milieu d'une impressionnante foule. Des habitants agitaient qui des bras, qui des vestes… Un beau délire à quai ! Pendant ce temps, un prestigieux spectacle de feu se déclencha sur le «Constanta». La nuit de Hammamet s'illumina, les cœurs également. On chante, on danse, on crie, on siffle… Parmi les foules, des enfants, garçons et filles, touts de blanc vêtus, entonnaient, dans différentes langues, des airs dédiés à la paix. Ils étaient entourés de géants montés sur échasses, de gens de spectacle habillés dans la pure tradition tunisienne : côté hommes, djabadors, tarbouches rouges, babouches ; côté femmes, caftans aux couleurs rutilantes… Yasmina-Hammamet n'aura jamais connu une si belle fête, ce port où l'on pouvait voir des bateaux de plaisance avait mis les petits plats dans les grands pour accueillir, dans l'enthousiasme, des pacifistes visiblement émus. Passé l'accueil, les «archers» du «Constanta» prirent un petit train à roues à destination de l'hôtel «Marina Palace». Dans cet endroit luxueux, après une petite douche rafraîchissante, les pacifistes avaient rendez-vous avec une soirée de chant et danse dans le pur style du folklore tunisien. Elle se poursuivra jusqu'au lever du jour. En dépit d'une nuit blanche, les pacifistes se levèrent tôt. A 10 heures, du 30 juillet 2003, le bataillon attendit sur un pied ferme l'arrivée de mini-bus. Au programme, les responsables de la section tunisienne de l'IITM prévoyaient une visite guidée à Carthage, joignable à une heure de trajet à partir de Tunis. Chemin faisant, un tapis vert longeant l'autoroute flattait nos yeux. Des palmiers défilaient à perte de vue, sur le son du «maâlouf» que faisait entendre la cassette-radio du mini-bus. Une heure passée, les pacifistes débarquent en plein cœur de Carthage. A l'entrée de ce site romain, une grande affiche annonçait le plateau d'une nouvelle édition du Festival de Carthage. Des célébrités des milieux d'art et du spectacle étaient au programme. Les organisateurs avaient tout préparé ou presque pour les accueillir. Sur le site, des manœuvriers apportaient quelques retouches pour colmater quelques trous. Sur le flanc droit du théâtre, une échoppe élit domicile pour servir des rafraîchissants. Pour les amateurs du thé à la menthe, une cafétéria était aménagée. A l'intérieur, des ingénieurs de son s'affairaient. Des pacifistes les rejoindront sur l'estrade pour poser en photo. D'autres étaient montés sur les gradins pour mieux voir le mythique théâtre hérité de l'époque romaine. Seule ombre au tableau, le soleil dardait de vives piques ce jour-là. A 13 heures, le mini-bus vint chercher les passagers. Destination : Sidi Bousaïd. A notre arrivée, nous fûmes assaillis par une armée de bazaristes. Il y en eut qui offrirent des tarbouches traditionnels, des écharpes, d'autres des chapeaux en toile, des sacs en cuir, sans oublier ces cartes postales de Sidi Bousaïd, Hammamet, Tunis, Carthage et autres villes tunisiennes. A 14 heures, fatigués par la chaleur qu'il faisait, les passagers rebroussèrent chemin. A 15 heures, nous étions déjà à l'hôtel Marina-palace. Un gros buffet attendait les revenants, fait de spécialités tunisiennes dont la célèbre et incontournable «l'hrissa». Après une sieste, un mini-bus devait emmener les passagers sur l'héliport du «Constanta». Une rencontre-débat était prévue à bord, sous le thème «Poètes et politiques». A cette rencontre, devaient participer des écrivains, des journalistes, des acteurs de la vie politique tunisienne…