Une nouvelle politique volontariste et ciblée est en phase de préparation. Offshoring, automobile, électronique ou encore artisanat sont les branches industrielles sur lesquelles le Maroc pourrait miser dans l'avenir. Emergence est le nom qui a été choisi par le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la mise à niveau de l'Economie pour sa stratégie de développement du potentiel industriel national. Une stratégie, dont l'application des mesures commencera dès septembre 2005 et qui a découlé d'une étude commandée au cabinet McKinsey. La préparation de ce document, rédigé en 1800 pages, et qui propose quelque 700 mesures, dont 400 spéciales relatives aux secteurs émergents, considérés comme métiers d'avenir et 300 autres transversales portant sur la mise à niveau des entreprises nationales, a duré près de huit mois. Et d'emblée, le constat est consternant. Le diagnostic établi par l'étude fait ressortir plusieurs freins au développement de l'activité industrielle en particulier et économique en général. Entre déficit de croissance chronique, effets encore très peu maîtrisés du démantèlement ou encore une politique de mise à niveau des entreprises qui a montré ses limites, la nécessité d'une politique plus valorisante s'est imposée avec acuité. Résultat : une valeur industrielle moyenne ne dépassant guère 1%, un taux très faible alors que l'emploi permanent industriel stagne avec un taux de 1,5%. En outre, le diagnostic et le benchmarking de la compétitivité du Maroc positionnent notre pays au milieu du classement. Aucun avantage sérieux mais également aucun grand frein n'a été mis en exergue. Parmi les freins relevés par l'étude arrivent en tête de liste le développement de l'économie informelle, les lourdes fiscalité et procédures administratives ainsi que les coûts de production élevés dus essentiellement à l'énergie. Lors de cette période de diagnostic, quelque 100 entretiens ont été effectués et une vingtaine d'experts internationaux consultés. Des comités de suivi et sectoriels ont également été créés dans le but de faire le tour de l'industrie nationale. Et c'est sur la base de ce diagnostic que le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l'Economie entend mettre sur pied «une politique industrielle volontariste et ciblée». Une politique qui permettra d'établir, pour les dix prochaines années, et même jusqu'à l'horizon 2018, une vision partagée sur les choix stratégiques de développement du secteur. Huit industries ont ainsi été privilégiées. La première, grand potentiel du Royaume pour les années à venir, n'est autre que l'off-shoring. Un nouveau métier qui connaît un grand essor au Maroc et que le gouvernement a tout intérêt à développer. Parmi les 44 filières analysées, 12 ressortent comme offrant une perspective de développement importante. L'impact estimé de ce potentiel est de l'ordre de 15,2 milliards de dirhams du PIB. Arrive par la suite le secteur de l'automobile qui a de beaux jours devant lui, notamment à travers une politique d'encouragement de toutes sortes d'implantations de fabricants d'accessoires. Les nombreux sites d'assemblage majeurs en France, l'Espagne et au Portugal, accessibles en moins de trois jours de transport par camion depuis Tanger, constitueront alors une clientèle privilégiée. La troisième filière à développer est l'industrie électronique, essentiellement à travers le développement d'industries, spécialité intégrée sur des niches de délocalisation pour des petites et moyennes séries (défense, médical, électronique embarquée…). Dans ce sens, il est impératif de simplifier l'implantation de zones de sous-traitance industrielle spécialisées dans l'export, préconise l'étude. Cette dernière s'est également intéressée à des industries nationales fort développées, l'agroalimentaire et la transformation des produits de mer en l'occurrence. Pour ces deux filières, un changement de positionnement est capital, mondialisation oblige. Le dernier potentiel industriel à développer concerne l'artisanat, secteur à grand potentiel qui est également appelé à se muer pour accompagner la demande à l'international. Selon l'étude, ces secteurs peuvent rapporter une plus-value directe d'environ 43 milliards de DH à l'horizon 2012 et générer quelque 250.000 emplois directs, un nombre appelé à être multiplié en fonction des secteurs. Maintenant que les maux de l'industrie marocaine sont connus et que les nouvelles lignes de son développement ont été tracées, il ne manque plus qu'une seule chose, que les conclusions de l'étude McKinsey trouvent leur chemin vers la mise en œuvre. Il y va de l'avenir du pays.