Sidati Dafa, président de l'association "Al Michaâl Assahraoui", estime que s'il s'avère être derrière les derniers évènements de Laâyoune, Ali Salem Tamek doit être jugé et condamné. Entretien. ALM : Que pensez-vous de la mise en garde-à-vue d'Ali Salem Tamek? Sidati Dafa : Comme vous le savez, Ali Salem Tamek est soupçonné d'avoir été un instigateur des derniers évènements que la ville de Laâyoune a connus. C'est pour cette raison qu'il a été mis en garde-à-vue. Nous sommes au Maroc, dans un pays où il y a des lois et des procédures judiciaires claires. Personnellement, je ne peux pas affirmer avec certitude que cet individu est coupable ou innocent. Par contre, ce que j'exige en tant que défenseur des droits de l'Homme, c'est qu'il fasse l'objet d'un procès juste et équitable dont le but sera non seulement de mettre toute la lumière sur les tenants et aboutissants des évènements de Laâyoune, mais également de sanctionner ceux qui sont derrière ces troubles. Personnellement, imaginez-vous que Ali Salem Tamek soit derrière ces évènements ? Je n'ai pas les moyens de mener une enquête approfondie pour pouvoir vous répondre. Mais la Justice, elle, possède tous les moyens pour mener à bien cette enquête. Ce qui est sûr, c'est que des enfants de 14 ou 15 ans, tous nés à Laâyoune, sont incapables de prendre, seuls, l'initiative de sortir dans les rues et semer la pagaille. Il y a donc inéluctablement des mains invisibles qui manipulaient ces évènements. Le choix des mineurs n'est pas fortuit. Les véritables cerveaux de ces émeutes ne voulaient pas que les mineurs tombent sous le coup de la loi. Mais ce qui est aberrant c'est que les autorités locales au lieu de s'en prendre à ces cerveaux qui opéraient tranquillement depuis un hôtel de Laâyoune, ont préféré affronter des mineurs dans les rues. Pour revenir à Ali Salem Tamek, estimez-vous que son éventuelle condamnation risque d'avoir un impact négatif sur l'image de marque du Maroc ? C'est une autre problématique. Je suis conscient qu'il n'est pas dans notre intérêt, en tant que Marocains, Sahraouis ou pas, d'attiser les rancœurs. Effectivement, Ali Salem Tamek soutient, dur comme fer, le principe de l'autodétermination. Nous ne partageons pas sa vision des choses, même si son attitude lui vaut une solidarité internationale. Nous disons que l'autodétermination peut s'opérer sous diverses manières. Cependant, ce qui est très grave, c'est qu'il soit derrière les évènements regrettables de Laâyoune. Si l'enquête le démontre, Ali Salem Tamek sera impardonnable. Il doit être poursuivi en Justice et condamné. Car les symboles de notre pays ont été violés. La photo du Roi et le drapeau du Maroc ont été brûlés. Sans parler des multiples déprédations de biens publics et de l'atteinte à l'intégrité physique des citoyens et à leurs domiciles. Peut-on s'attendre à de nouvelles manifestations en cas de condamnation de Tamek ? Si jamais ses amis décident d'organiser une manifestation, ils ne le feront pas à Laâyoune. Tamek a, par contre, plus de poids à Assa. En tout cas, il faut s'attendre, de la part des séparatistes, à une exploitation médiatique de l'affaire à l'étranger. Selon vous, n'aurait-il pas été plus judicieux, politiquement, de tourner la page des évènements de Laâyoune ? Nous ne pouvons pas tourner cette page. Les effets des évènements de Laâyoune sont toujours d'actualité. Comme je vous l'ai expliqué, des citoyens ont été tabassés, des domiciles ont été pris d'assaut, les symboles de l'Etat ont été bafoués, les biens publics saccagés, des personnes sont actuellement emprisonnées. Il est donc impossible de tourner la page des évènements de Laâyoune.