Abderrahman Tamek est l'oncle d'Ali Salem Tamek et le directeur de la Chambre d'artisanat de Dakhla. Il assure que si Ali Salem ne renonce pas à ses positions séparatistes, il n'aura aucune place au sein de la famille ou de la tribu des Aït Oussa. ALM : Vous avez rédigé et co-signé, avec trois autres membres de la famille Tamek, un communiqué au sujet des prises de positions séparatistes d'Ali Salem Tamek. Pourquoi ce communiqué maintenant ? Abderrahman Tamek : Avant tout, je tiens à vous rappeler que la famille Tamek a une histoire extrêmement riche en matière de résistance à l'occupation et de défense de l'intégrité territoriale du Maroc. A ce titre, le symbole de la famille, son père spirituel s'appelle Tamekdi Idda Oueld Tamek. Il a combattu non seulement les troupes françaises, mais celles d'Espagne également. Après la création des Forces Armées Royales (FAR), Tamekdi Idda Oueld Tamek, actuellement au grade de colonel, a eu la charge de toute une unité connue sous le nom de "Unité Idda". Il a participé à la bataille d'Amgala en 1958 avec notamment Nadel, Belmiloudi, Habbouha Lahbib et Ouchikhh Ouled Ba Ali. Le père d'Ali Salem, Mohamed Salem Ouled Mami, est aujourd'hui un commandant dans les Forces Armées Royales. Beaucoup de membres de la famille Tamek ont sacrifié leur vie pour l'intégrité territoriale du Maroc. Je me contenterais de ne citer que le cas de Zidane Ouled Mami, Taïeb Ouled Hamad, qui ne sont autres que les propres oncles d'Ali Salem. Ils sont morts en 1977, alors qu'ils combattaient l'ennemi dans les lignes avancées. L'histoire héroïque de notre famille ne peut être résumée en quelques mots. C'est dans ce contexte que nous avons décidé de rédiger et rendre public ce communiqué. Nous voulions rétablir la vérité sur notre famille. Ali Salem Tamek est une seule personne dont les propos ont, hélas, terni l'image de marque des Tamek. Comment se fait-il que vous avez réagi aujourd'hui et pas plus tôt? Cette réaction n'est pas la première du genre. Au contraire. Dès la libération d'Ali Salem Tamek, après la grâce royale dont il a bénéficié, j'ai personnellement écrit un article que j'ai envoyé à plusieurs supports médiatiques. Mais malheureusement, aucun journal n'a jugé bon de le publier. C'est dommage. Car seul le séparatisme semble séduire certains médias. Et pour ne rien vous cacher, je ne pensais pas que ce dernier communiqué susciterait un quelconque intérêt. Car l'attachement à l'intégrité territoriale du Maroc, à la monarchie et aux valeurs sacrées semble démodé. Est-ce que votre famille entretient des contacts avec Ali Salem? Personnellement, je suis son oncle, mais nous avons pratiquement le même âge. A chaque occasion, je ne cesse de débattre avec lui. Au début, nous avions l'impression qu'il s'agissait d'une simple lubie de jeunesse. Mais avec le temps, il s'est avéré qu'Ali Salem Tamek défendait clairement des positions séparatistes. En portant atteinte aux valeurs fondamentales des Tamek, Ali Salem s'est lui-même exclu de la famille. Qu'en pensent les autres membres de la famille? Ils sont extrêmement durs avec lui. Je dirais même qu'ils sont intraitables. Vous savez, le symbole de notre famille, Idda Ouled Tamek, intervient toujours en faveur d'un membre de la famille ou d'un membre de la tribu d'Aït Oussa. Il pèse toujours de son poids pour venir en aide à n'importe qui. Mais dans le cas d'Ali Salem, il a même refusé de le visiter en prison. C'était une première. Cette position est partagée par le père d'Ali Salem également. Car Idda occupe une place extrêmement importante dans la tribu. Cet anathème durera-t-il éternellement? Non, nos bras demeurent ouverts à Ali Salem et il sera le bienvenu parmi nous, à une seule et unique condition: renoncer à ses positions séparatistes et revenir au droit chemin. Nos valeurs sont d'ailleurs claires. Nous ne concevons pas de pays autre que le Maroc, nous ne concevons pas de Maroc sans monarchie et nous ne concevons pas de Roi autre que Mohammed VI. Si Ali Salem respecte ces valeurs, il sera réintégré. Comment Ali Salem Tamek en est-il arrivé à ce stade? C'est le fruit d'un contexte social. Comme pratiquement tous les jeunes Marocains, il avait dans un premier temps des positions assez critiques à l'égard de l'action du gouvernement de manière général. Ce sentiment, tout à fait normal chez un jeune engagé, a été exploité par les milieux séparatistes. Ali Salem Tamek, issue d'une famille célèbre pour son attachement au trône marocain, était donc une cible idéale. Il suffisait de le présenter à l'étranger comme un héros du séparatisme, lui déloquer un peu d'argent, et le tour est joué. Le tout savamment orchestré et gonflé par la presse.