Le paysage bancaire national est en pleine restructuration. Une tendance de nature à chambouler les stratégies des uns et des autres. Après la fusion-absorption de Wafabank par la BCM, voilà que les experts du secteur parlent avec insistance de l'imminence d'une deuxième opération du genre. Le paysage bancaire national est en pleine restructuration. Une tendance de nature à chambouler les stratégies des uns et des autres. Après la fusion-absorption de Wafabank par la BCM, voilà que les experts du secteur parlent avec insistance de l'imminence d'une deuxième opération du genre. Il s'agit d'un rapprochement stratégique du Crédit immobilier et hôtelier (CIH) avec le groupe Banque centrale populaire (BCP). Les couloirs des deux institutions bruissent de rumeurs et de spéculations qui font poindre toutefois l'inquiétude du personnel. Celle-ci est particulièrement vive chez les cadres du CIH en raison de ses difficultés financières qui avaient fait l'objet il y a quelques années d'un rapport accablant d'une commission d'enquête parlementaire de la première Chambre. Un rapport qui a fait état de la gabegie confinant parfois à la rapine qui a régné durant deux décennies environ dans les rouages d'une banque devenue exsangue. La situation était si critique qu'il avait fallu l'intervention des pouvoirs publics et le concours d'autres institutions bancaires pour la sauver d'une faillite assurée. Cette opération de sauvetage a coûté plus de 4 milliards de Dhs alors que ses créances en souffrance sont estimées par certaines sources entre 10 et 14 milliards de Dhs. La nomination en février 2002 de Mohamed Alej à la tête du CIH avait pour objectif d'assainir les comptes de la maison, de réduire les coûts et de récupérer ce qui est possible de l'être. Avec comme objectif de préparer cette vieille dame éprouvée à un autre destin. Ce sera donc le mariage avec la BCP. L'État actionnaire en a décidé ainsi. Cette solution offre l'avantage de purger une fois pour toutes le scandale politique-financier du CIH par la dissolution de l'établissement et de ses cadavres dans une banque publique réputée en bonne santé financière. Le gouvernement Jettou avait déjà expérimenté cette méthode avec un autre canard boiteux, la Banque nationale de développement économique (BNDE) qui, faute d'avoir trouvé acheteur dans le cadre de la privatisation, fut récemment reprise par la CDG et la CNCA. En passant l'éponge sans reddition des comptes, les pouvoirs publics privilégient ainsi un assainissement soft à l'assainissement judiciaire présenté au Maroc comme un frein à l'investissement et vécu comme un traumatisme par le monde des affaires. Tant mieux si cette démarche miséricordieuse inaugure une culture de bonne gestion des deniers publics qui soit accompagnée d'un système de contrôle rigoureux incluant la sanction des manquements et la valorisation des performances. Cela dit, le Maroc nouveau n'a plus droit à l'erreur. La mise à niveau des entreprises pour être efficace et rentable doit englober également le secteur financier marocain de telle sorte qu'il soit capable d'affronter les défis de la mondialisation. Pays qui a fait de l'ouverture économique un choix irréversible, le Royaume mise sur trois pôles bancaires ( BCM-Wafabank, BCP-CIH et la BNDE) pour mieux préparer l'avenir. Mais est-ce suffisant ?