On vit décidément dans deux mondes distincts. Dans l'un, il y a des utopies collectives fabuleuses. La Nasa, par exemple, a programmé, organisé et réussi la mission Deep Impact. Le succès technologique est tout bonnement colossal. Un investissement dans l'avenir et dans la science. Les comètes sont, pour les astronavigateurs, les messagères du passé. Elles sont une sorte de mémoire astronomique. Ils cherchent donc à fouiller dans les mystères et secrets de Tempel-1 pour mieux comprendre la formation des planètes et l'émergence de la vie. A côté de l'exploit scientifique, il y a toute la symbolique de puissance et de patriotisme des Américains scénarisée par les scientifiques : Toucher une cible, à 125 millions de kilomètres de la terre, avec une chronologie quasiment parfaite ne leur suffisait pas. Envoyé en janvier, les scientifiques ont voulu et obtenu d'offrir au peuple américain une collusion pour le 4 juillet, jour de la fête de l'indépendance américaine. Bel alliage entre maîtrise du temps et des valeurs. Autre endroit, autre événement : six partenaires (Union européenne, Russie, Chine, Japon, Etats-Unis, Corée du Sud) ont désigné Cadarache, dans le sud-est de la France, comme lieu de la construction d'ITER. L'International thermonuclear experimental reactor abritera, durant plusieurs décennies, un programme de recherche sur la fusion nucléaire contrôlée. Cette fusion est une possible solution de rechange à la fission nucléaire jusque là utilisée dans les centrales pour produire de l'énergie. La fusion thermonucléaire contrôlée reproduira ce qui se passe au coeur du soleil. Ces ambitions et victoires scientifiques sont à ajouter à celles du mois de janvier : La mission Huygens ou le lancement réussi de l'A380. Dans l'autre monde, il y a des réalités collectives cauchemardesques. L'Iran vient d'élire un président qui porte le ressentiment dans son regard. Il est fêté par les plus déshérités, nombreux dans un pays qui, depuis 25 ans, est islamiste. Celui-ci ambitionne de séparer les hommes et les femmes dans les ascenseurs et menace de guerre El Bahreïn pour une caricature. L'Afghanistan connaît un regain de violence comme une fatalité interminable. Bagdad ne cesse de sombrer dans la violence et le rapt. Ben Laden reste l'arlésienne de la lutte contre le terrorisme. Zarkaoui persiste à narguer ses poursuivants. Le Liban renoue avec les braises ardentes soufflées par le Hezbollah. La Syrie a demandé à l'unique forum politique d'opposition, le forum Al-Atassi, de fermer ses portes et sa bouche. L'Egypte s'est fait kidnapper un ambassadeur. Le journaliste Daïf Al Ghazal est mort, en Libye, probablement sous une torture des plus affreuses. Le Koweit nomme, à peine, la première femme ministre. L'Arabie Saoudite goûte les affres du fondamentalisme qu'elle a abondamment cultivé. La Tunisie s'ouvre au charme du bicaméralisme. Bouteflika vient de traiter la France de « cécité mentale » sur son passé colonial et n'arrête pas de nous emmerder, nous autres. Elle est pas belle la vie ?