Le cheikh de la Salafiya, condamné à 30 ans de prison, aurait eu selon une enquête du Los Angeles Times, des relations privilégiées avec les pirates de l'air ayant perpétré les attentats du 11 septembre. L'un des plus importants Chouyoukh de la Salafiya au Maroc, Mohamed Fizazi, qui purge actuellement une peine d'emprisonnement pour avoir inspiré les attentats de Casablanca du 16 mai 2003, "a également eu des contacts significatifs à Hambourg avec les leaders des attentats du 11 septembre", rapporte mercredi le journal américain Los Angeles Times, citant des membres d'une congrégation musulmane en Allemagne. Selon ce quotidien, Fizazi donnait fréquemment des sermons à la mosquée Al-Qods à Hambourg au moment où trois des pirates de l'air vivaient dans la ville et devenaient de plus en plus impliqués dans l'Islam radical. A en croire Fath Franzmathes, un membre de la congrégation Al-Qods, qui a aidé plus tard la police allemande, "Fizazi a initié plusieurs réunions en privé avec les futurs pilotes". Fath Franzmathes a affirmé que le prêcheur marocain, Mohamed Fizazi, a cherché à les rencontrer car il était impressionné par leur approche intellectuelle rigoureuse concernant l'Islam. Selon Franzmathes, Fizazi était considéré par la congrégation Al-Qods encore plus incendiaire que Abou Qatada. L'impact de l'influence que Fizazi a eue sur les pirates de l'air des attentats du 11 septembre n'est pas clair, affirme le quotidien, ajoutant que Fizazi "a souvent donné des sermons aux Marocains établis à l'étranger sur ordre du gouvernement marocain". Le quotidien américain cite également des membres de la famille de Mohamed Fizazi, en l'occurrence son fils Abdelhalim Fizazi et sa première épouse Assia Jabari. Ces derniers ont indiqué dans des interviews que "le gouvernement marocain payait fréquemment" les voyages de Mohamed Fizazi. Il avait deux épouses et 11 enfants et gagnait environ 400 dollars par mois en tant que professeur de français et de littérature dans un petit collège de Tanger. "Il voyageait à l'étranger pendant presque toutes les vacances scolaires", ont indiqué les membres de sa famille. Mohamed Fizazi a visité environ trois douzaines de pays et selon sa famille, il n'aurait jamais pu se permettre tous ces voyages sans l'aide du gouvernement. Le Los Angeles Times, citant des responsables marocains, parlant sous couvert de l'anonymat, ont reconnu que leur gouvernement a encouragé les voyages de Mohamed Fizazi et payait les prêcheurs locaux pour aller prêcher auprès des Marocains à l'étranger. Ces mêmes responsables ont toutefois démenti que le gouvernement avait payé Fizazi. Par ailleurs, Mohamed Fizazi a fait l'objet d'une enquête de la part de la police allemande après le 11 septembre, indique le Los Angeles Times qui précise avoir obtenu des photos, prises lors d'opérations de surveillance pour les besoins de l'enquête, montrant Fizazi avec un associé des pirates. Cependant, les résultats de cette enquête n'ont jamais été rendus publics et aucune action n'a été prise à l'encontre de Fizazi avant qu'il ne quitte l'Allemagne vers la fin 2001. Pour leur part, les autorités marocaines disent qu'elles ne savaient rien des connexions de Fizazi à Hambourg et n'ont pas fait d'effort spécial pour surveiller ses activités avant les attentats de Casablanca. Durant son procès, Fizazi a été présenté comme un leader régional dans une organisation radicale qui a aidé au financement des attentats de Casablanca. Selon l'accusation, l'argent a été collecté en dehors du Maroc et envoyé à différentes banques sous couvert de transferts familiaux. Il a été condamné à 30 ans d'emprisonnement. Mais Fizazi a toujours nié, dans des commentaires publiés dans la presse marocaine, toute connexion avec les attentats terroristes. Selon sa famille, Mohamed Fizazi passait des heures interminables travaillant sur son ordinateur dans son appartement à Tanger. Il utilisait l'ordinateur comme le moyen principal de communication avec les gens en dehors de la ville, a indiqué son fils au Los Angeles Times. Sa femme a indiqué que les enquêteurs marocains ne sont jamais venus à la maison et n'ont jamais examiné l'ordinateur.