La rencontre de Marciano, toujours tiré à quatre épingles, avec Ahmed Réda Guédira remonte au début des années 80. C'était autour d'une partie de poker. Joseph Marciano est un personnage haut en couleurs. Né en 1943 à Debdou dans la région d'Oujda dans une famille modeste, il aurait commencé dans la vie comme charcutier avant de partir en France où il se lance dans le textile. C'est dans ce pays aussi qu'il sera condamné dans les années 70 pour faillite frauduleuse et émission de chèques sans provisions. De retour au Maroc, il s'associe avec des Espagnols dans une entreprise de textile du nom de Revolver Jean's, en banqueroute depuis longtemps. La rencontre de cet homme au teint basané, toujours tiré à quatre épingles, avec Ahmed Réda Guédira remonte au début des années 80. C'était autour d'une partie de poker dont les deux hommes sont des adeptes inconditionnels. Selon un ami commun, le défunt aurait apprécié à ce moment-là la vivacité d'esprit de ce bon vivant amateur des cigares cubains et du bon vin. C'est le début d'une longue amitié qui allait être rapidement consolidée par des intérêts sonnants et trébuchants. Occupé par les grands dossiers de l'État et ne voulant pas que son nom apparaisse dans une quelconque transaction commerciale, Réda Guédira, dit-on, lui confiera la gestion de son patrimoine dans le cadre d'une association à parts égales. Père de deux enfants (un garçon et une fille mariés) installés en France, M. Marciano tirait des petits privilèges de sa proximité avec son mentor : un passeport diplomatique qu'il s'est vu retirer récemment et une voiture diplomatique à sa disposition en France. Le décès de Guédira sonne la fin de son influence et de la crainte qu'il inspirait. Mais il continue à nourrir une passion incommensurable pour le golf et le casino. Quand il est sur le green, il a le portable scotché aux oreilles, l'une pour Wall Street et l'autre pour la Bourse de Paris. Un ami à lui raconte que ce flambeur avait perdu en une seule nuit la bagatelle de 10 millions de FF dans un casino sur la Côte d'Azur. Quand il va à la Mamounia dont il est un grand fidèle, il dispose de sa propre table de jeu. L'argent coule à flots. Pourquoi bouder son plaisir… Mais le plus grand jackpot de sa vie reste sans conteste Ahmed Réda Guédira. C'est lui qui lui a ouvert les chemins de la prospérité et des opérations juteuses. Or, la facilité qu'il a à claquer le fric n'a d'égale que son avarice. “Très près de ses sous, chiche avec ses amis, mais gentil et d'un bon commerce“, dit de lui une ancienne connaissance.