Inauguré mardi dernier, le tronçon Assilah-Tanger, réalisé avec une avance de deux mois, a nécessité la bagatelle de 1,4 milliard de dirhams. Il revêt une dimension structurelle dans cette région du Royaume qui connaît un essor économique croissant. Ceux qui auront à emprunter l'autoroute de Rabat à Tanger n'auront plus à traverser la désagréable route allant de Assilah jusqu'à la ville du détroit. Dernier acte d'une longue, et c'est le cas de le dire, attente, le tronçon autoroutier Assilah-Tanger est désormais opérationnel. Officiellement inauguré, cet axe routier est ouvert depuis mardi au trafic automobile. Voilà qui ne sera pas sans arranger les affaires des centaines de milliers de Marocains résidents à l'étranger en cette haute saison des retours. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle l'ouverture de ce tronçon a été avancée de deux mois par rapport aux délais contractuels. Une avancée présentée comme un exploit par le ministre de l'Equipement et du Transport, Karim Ghellab, présent à l'inauguration. Le ministre a également précisé que le coût des travaux du tronçon Assilah-Tanger, long de 30 km, s'est élevé à 1,4 milliard de dirhams. Le projet a été financé par un emprunt octroyé par la Banque européenne de l'investissement (BEI) à hauteur de 760 millions Dh (69 millions euro), le reste étant assuré par les fonds propres de la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM). Un coût élevé mais que M. Ghellab a expliqué par le caractère délicat du tronçon. L'une des principales difficultés, nous informe la MAP , est le fait que le tiers du tracé de l'autoroute est situé en zone compressible (sol à haute teneur en eau). Pas moins de 30.000 km de tuyaux spéciaux ont été enfoncés à 20 m de profondeur pour drainer l'eau et permettre le tassement et la consolidation du sol. L'autoroute, qui traverse une zone abritant un écosystème riche et diversifié (site de Tahadart) ainsi que la plus importante nappe phréatique de la région, a été accompagnée par plusieurs ouvrages visant la protection de l'environnement. En compensation des parcelles expropriées dans le domaine forestier, les responsables du chantier prévoient une vaste opération de reboisement des talus des déblais. Cela explique à plus d'un égard le coût au kilomètre de cette opération et qui a été de 46 millions DH. Il a également été procédé à la construction sur oued Tahadart d'un pont long de 1,37 km, soit le plus long pont actuellement au Maroc. La construction du viaduc de Tahadart, a nécessité, à elle seule, 10,8 millions kg d'acier, 57.000 m3 béton et 272 gigantesques poutres et 344 pieux d'un diamètre impressionnant. Le pont qui enjambe la magnifique vallée de Tahadart a été entièrement conçu par des ingénieurs et architectes marocains. Le tronçon, qui représentait donc plusieurs défis d'ingénierie, a été confié à l'entreprise turque DOGUS-INSAAT qui dispose de solides références dans le domaine des grands ouvrages. De son côté, le directeur général de l'ADM a expliqué que le tronçon Assilah-Tanger revêt une dimension structurelle dans cette région du Royaume qui connaît un essor économique croissant notamment avec le lancement de nombreux projets, dont le port Tanger-Méditerranée, des projets qui font de cette région un important pôle économique. Au cours d'une séance de présentation de l'état d'avancement du programme autoroutier national, présidée par SM Mohammed VI et organisée en marge de l'inauguration précitée, M. Ghellab a rappelé le schéma d'armature autoroutier national, les projets réalisés, en cours de réalisation et ceux engagés à 2010. Avec l'ouverture des tronçons Had Soualem-Tnine Chtouka et Assilah-Tanger, le linéaire ouvert au public atteint 595 km. A la fin 2006, le réseau autoroutier desservira El Jadida et Marrakech, portant ainsi le global à 785 km. Les connexions autoroutières du complexe portuaire Tanger Méditerranée aux villes de Tanger et de Tétouan, lancées en mars 2004, seront achevées respectivement en juillet et mars 2007 pour être au rendez-vous de l'ouverture à l'exploitation dudit port. L'autoroute Marrakech-Agadir, d'une longueur de 233 km sera lancée en octobre 2005 pour un coût total de 6500 MDH. Conformément aux hautes instructions Royales, les travaux démarreront simultanément à partir de Marrakech et d'Agadir pour être achevés globalement en décembre 2009. Fès-Oujda qui constitue la dernière partie de l'axe Est-Ouest porte sur un linéaire de 320 Km. Le montant d'investissement sur ce projet est de 6000 MDH. La réalisation des travaux démarrera en décembre 2006. Elle se développera à partir de Fès pour atteindre Oujda en juillet 2010. Le programme ainsi présenté porte sur un montant de 23 milliards DH à réaliser sur la période 2005-2010, soit 4000 MDH par an. Il constitue une forte accélération du rythme annuel de réalisation qui passe de 40 km au cours des années 90, à 100 km actuellement pour atteindre 160 km entre 2005 et 2010. Ce programme est financé à parts égales (3600 MDH) par le Fonds Hassan II et le budget général de l'Etat portant ainsi la participation totale du Fonds Hassan II au programme autoroutier à 4600 MDH. Le complément au financement est assuré par le recours à des prêts concessionnels auprès de bailleurs de fonds internationaux ainsi que par l'émission d'obligations garanties par l'Etat.