Premier groupement privé à basculer dans l'horaire continu, le GPBM en essuie aussi les premières contestations. L'Union syndicale interbancaire devait observer aujourd'hui une grève de 24 heures. Pas de travail aujourd'hui dans les banques. Au terme des nombreuses tractations, l'Union syndicale interbancaire, organe affilié à l'Union Marocaine du Travail (UMT), a appelé hier l'ensemble des employés et cadres du secteur bancaire à observer une journée de grève générale de 24 heures sur tout le territoire du Royaume. Le syndicat proteste ainsi contre la manière «unilatérale» dont l'horaire continu a été instauré. Ainsi, contre toute attente, syndicat et patronat ne sont pas parvenus à mettre un terme à leur désaccord. Une source bien informée avait pourtant déclaré à ALM, la semaine dernière, que les discussions avaient abouti à un accord en matière d'horaire continu. Selon ce haut responsable bancaire, le différend majeur portait sur le quart d'heure supplémentaire faisant passer l'heure de fermeture de 16h30 à 16h45. Les deux partenaires ne seraient pas finalement tombés d'accord. Et les raisons, à voir la virulence des communiqués du syndicat interbancaire, semblent aller bien loin que ce simple quart d'heure. L'USIB prend à partie notamment la circulaire instaurant la «journée continue», émise par le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM) le 30 juin 2005. Cette note qui fixe, depuis lundi 4 juillet, soit le même jour que l'entrée en vigueur de l'horaire continu dans l'administration, l'ouverture des guichets de 8 heures à 16h 15, n'accorde qu'une «petite demi-heure» pour la pause de la journée. Ce qui n'est pas au goût des syndicats. La centrale relève, en outre, qu'aucune mention n'est faite de l'adoption de ce nouveau système à titre d'essai, comme convenu lors des négociations. Aucune référence n'est faite aussi à la pause déjeuner, l'un des gros points de discorde entre le GPBM et l'USIB. Pour le conseil national du syndicat, l'horaire du travail imposé expose les salariés à une sur exploitation tous azimuts. L'Union syndicale regrette aussi qu'aucune allusion ne soit faite sur les spécificités de la journée du vendredi et la prime de panier. Des arguments qui poussent la branche syndicale à appeler «l'ensemble des employés et cadres du secteur à la mobilisation générale pour la défense des conditions de travail humaines avec comme corollaire un horaire continu convenable, à même de garantir la cohésion de la profession et celle des familles du personnel». La centrale garde quand même la main tendue, en se disant prête à négocier avec le GPBM. A noter que le Groupement professionnel des Banques du Maroc (GPBM) est officiellement le premier opérateur du secteur privé à basculer dans l'horaire continu. Ce choix répond, déclare-t-on auprès des banquiers, d'un impératif de gestion et d'économie d'énergie. Dans le milieu patronal, l'on reconnaît que cette nouvelle organisation du temps de travail nécessitera des «ajustements » et un «temps d'adaptation», mais sera globalement bénéfique pour l'économie marocaine. C'est ce qu'a déclaré à la MAP Kamil Benjelloun, président du groupe de travail communication à la CGEM.La décision des banques, entré en vigueur le même jour que l'horaire continu pour l'administration publique (08h30 – 16h 30) répond à une volonté d'harmoniser les horaires du secteur privé. Dans la formule de l'administration, la pause quotidienne est aussi d'une demi-heure comme pour les banques, avec une exception pour vendredi (une heure). De même, pour le public, les chefs des administrations peuvent, le cas échéant, prévoir des horaires différents pour certains services décentralisés. Des permanences doivent être organisées en dehors des heures de travail dans les services ayant une relation directe avec les usagers. Des aménagements utiles mais qui n'intéressent que partiellement le privé. L'expérience de l'horaire continu dans les banques est en définitive suspendue à la durée de la pause de midi et peut-être, sur le plan individuel, à la disposition des entreprises à souscrire aux formules de restauration collective.