Le rapport annuel du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) pour l'exercice 2004, publié la semaine dernière, représente une évolution positive dans le traitement par cet organisme onusien du dossier des séquestrés dans les camps de Tindouf, au sud de l'Algérie. Pour la première fois en effet, le HCR a émis des doutes sur la véracité du nombre total des séquestrés dans les camps de Tindouf, sachant qu'il s'appuyait, par le passé, sur le chiffre de 165.000 séquestrés fourni par les autorités algériennes. Suite à la création par le HCR d'un groupe de travail chargé de déterminer les procédures et critères d'enregistrement des séquestrés selon un échéancier bien défini, le Maroc avait fait part à l'organisme onusien d'un certain nombre de reproches. Le premier de ces reproches est que le HCR n'a effectué aucun recensement précis des Marocains séquestrés dans les camps de Tindouf. Concernant ce point, il convient de relever l'incohérence entre les chiffres annoncés, ce qui constitue un cas unique dans le monde entier. Ainsi selon le mémorandum adressé par le "polisario" aux Nations unies en septembre 2000, les séquestrés de Tindouf sont au nombre de 107.149, alors que les rapports établis par le HCR en 2003 font état de 165.000. L'écart entre les deux chiffres est édifiant quant au manque de transparence et à l'ambiguïté qui entourent l'opération de recensement. Le deuxième reproche est relatif à la faible présence des membres du HCR et à l'inefficacité de leur action, en raison de leur inexpérience dans le domaine du travail humanitaire. De plus, ces membres sont de simples volontaires, alors que la protection des séquestrés et la gestion de leurs affaires requièrent un personnel expérimenté dans ce domaine. Le troisième reproche est inhérent à l'inefficacité du HCR, ce qui a amené des milliers de séquestrés à opter pour des moyens alternatifs et individuels pour regagner, au prix de leur vie, la mère-patrie, le Maroc, en laissant des membres de leurs familles dans les camps. Le quatrième reproche tient au vide manifeste perceptible dans le domaine de la protection des séquestrés en ce sens que le comité exécutif du HCR avait adopté, en octobre 2002, la conclusion numéro 94 au sujet de "la nature civile et humanitaire du réfugié" et qui fait état de la responsabilité qui incombe aux Etats en ce qui concerne le respect du caractère civil des camps et leur non-utilisation pour héberger des centaines de prisonniers de guerre en violation flagrante des règles du droit international, sans parler du caractère militaire strict des camps soumis à un double blocus sécuritaire et militaire. En dépit de tout cela, la partie marocaine ne peut qu'être satisfaite du contenu de ce rapport, d'autant plus que tous les partenaires, notamment les pays donateurs, réclament eux aussi et avec insistance un recensement exhaustif et précis des séquestrés par le HCR, le but étant de garantir une présence forte et effective du Commissariat dans les camps et à proximité des séquestrés. Le HCR ne doit donc pas se contenter d'un bureau dans la ville de Tindouf dans la mesure où le Commissariat ne peut accomplir efficacement sa mission humanitaire que par le biais de fonctionnaires onusiens ayant une expérience du terrain et bien au fait du domaine de la protection des séquestrés et de la gestion de leurs affaires. Ce recensement exhaustif et précis est de nature à garantir la transparence de l'action du commissariat dans les camps ainsi que de celle des autres organisations humanitaires internationales, tel le Programme Alimentaire Mondial (PAM), dont la présence dans les camps est liée à celle du HCR. L'absence de cette transparence serait intimement liée à l'inexistence de données statistiques précises sur les séquestrés dont un grand nombre est originaire de pays différents. Il vise en outre à mettre en oeuvre les attributions du commissariat, y compris la protection des séquestrés par la levée du blocus militaire et sécuritaire imposé aux camps et la possibilité donnée aux séquestrés de choisir librement le retour à la mère-patrie sans recourir à des méthodes alternatives et individuelles pour regagner leur pays, le Maroc. Il convient de préciser que les prémices de l'évolution positive enregistrée dans le traitement par le Commissariat du dossier des séquestrés des camps de Tindouf et qui est de nature à aider à mieux gérer leurs affaires, est le couronnement des efforts soutenus de la partie marocaine en direction du haut commissariat aux réfugiés et des pays donateurs, étant donné que le Maroc n'a eu de cesse de souligner la nécessité d'appréhender le dossier des marocains séquestrés dans le sud algérien dans un cadre global en tenant compte de la mission et des attributions claires du commissariat, ce qui exige l'amorce d'une opération sérieuse et précise de recensement des séquestrés afin de permettre à cette organisation d'assurer leur protection dans les meilleures conditions et afin que les pays donateurs et les autres organisations humanitaires puissent leur fournir les aides humanitaires en toute transparence en attendant leur retour inéluctable à la mère-partie.