La baisse successive des prix des médicaments a conduit à leur faillite Le ministère de la santé a baissé récemment les prix de plusieurs médicaments. Les listes ont été publiées au Bulletin officiel (BO) n° 6958 du 4 février 2021 et le BO n° 6962 du 18 février. La baisse des prix qui a lieu pratiquement chaque mois a fortement impacté la situation financière des pharmacies. Le président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, Hamza Guedira, rappelle que cette baisse est le résultat du décret n° 2-13-852 relatif aux modalités de fixation du prix de vente des médicaments qui est entrée en vigueur en 2014. Ce dernier reproche le fait que le texte ait été adopté sans établir une étude préalable d'impact sur le secteur, ce qui aurait pu limiter les dégâts. Selon le président de l'Ordre des pharmaciens, un nombre important de pharmaciens d'officine sont en difficulté. «Actuellement, 5.000 pharmacies ont une activité très modeste et ont du mal à s'en sortir. Les fermetures de pharmacies se multiplient, pour cause de faillite. En moyenne, une à deux pharmacies ferment chaque semaine. L'activité des officines s'est davantage détériorée avec la crise sanitaire liée à la Covid-19», indique M. Guedira. Ce dernier fait remarquer que le chiffre d'affaires moyen par officine varie entre 700.000 et 800.000 DH par an. Selon les données de la DGI, 399 pharmaciens d'officine (personnes physiques) et 14 SARL ont un chiffre d'affaires inférieur à 360.000 DH, 2.466 pharmaciens et 28 SARL ont un chiffre d'affaires compris entre 36 et 100 millions de centimes. A noter également que 4.412 pharmaciens et 195 SARL ont un chiffre d'affaires compris entre 100 et 200 millions de centimes. Par ailleurs, le président de l'Ordre fait remarquer que les grossistes connaissent des problèmes. Ils subissent de plein fouet cette crise dans la mesure où de nombreux pharmaciens ne parviennent pas à honorer leurs échéances de paiement. Pour remédier à cette situation qui est devenue alarmante, M. Guedira appelle les pouvoirs publics à une mise à niveau du secteur. Rappelons que ce dernier avait revendiqué l'élaboration d'une loi-cadre qui permettra de donner une visibilité au secteur durant les prochaines années. Signalons que le Maroc s'est engagé, depuis quelques années déjà, dans une politique de révision des prix des médicaments et ce, conformément, au décret 2-13-852. Selon ce texte, le prix public de vente (PPV) d'un médicament, fabriqué localement ou importé, est calculé à partir du prix fabricant hors taxe auquel s'ajoutent les marges bénéficiaires ainsi que la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) lorsqu'elle existe. Celles-ci concernent notamment la distribution par le grossiste et le pharmacien d'officine ainsi que l'importation, qui couvre également les frais d'approche et les droits de douane. Cette révision peut aussi aboutir à une hausse et non à une baisse automatique comme il est stipulé au niveau de l'article 16 dudit décret. Au Maroc, la dépense par habitant en médicament ne dépasse pas les 400 DH par an, ce qui représente moins de 50 dollars. En Europe, la dépense annuelle en médicament par habitant dépasse les 600 dollars et aux Etats-Unis elle est supérieure à 800 dollars. Cette faiblesse est essentiellement due à un taux de couverture sanitaire de base très faible.