Alger ne peut pas, d'un côté, maintenir son hostilité déclarée envers l'intégrité territoriale du Maroc et de l'autre envoyer ses responsables à Rabat en vue d'une relance de la coopération économique. Il faut choisir. Le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération daté du 16 juin est laconique mais limpide. Il considère que la visite programmée au Maroc du Premier ministre algérien à Rabat à la tête d'une importante délégation ministérielle est “inopportune“. En clair, les responsables marocains demandent gentiment au chef du gouvernement algérien de ne pas se déplacer dans le Royaume en attendant “une position algérienne cohérente et d'une clarification des intentions réelles, actuelles et futures de l'Algérie quant à ses rapports avec le Maroc et l'édification maghrébine“. En vérité, l'Algérie poursuit un objectif inavoué avec le projet de visite au Maroc d'une partie de son gouvernement. Accepter de recevoir M. Ouyahia et ses hommes reviendrait à “dédouaner“ l'Algérie de tous les coups bas dont elle s'est rendue coupable envers le Maroc depuis plus d'un mois. Par sa réponse officielle, le Maroc a montré qu'il n'était pas dupe, mettant du coup son voisin de l'Est devant ses contradictions. Alger ne peut pas, d'un côté, maintenir son hostilité déclarée envers l'intégrité territoriale du Maroc et de l'autre envoyer ses responsables à Rabat en vue d'une relance de la coopération économique. Il faut choisir. Or, l'Algérie de Bouteflika, passée championne dans l'art de la duplicité, déploie plus d'énergie à soutenir et à armer le Polisario qu'à vouloir normaliser réellement ses relations avec le Maroc et relancer l'intégration maghrébine. Les accolades d'Alger, à l'occasion du Sommet arabe de mai dernier, auront été de courte durée à cause de l'attitude du président Abdelaziz Bouteflika qui n'a pas respecté l'engagement pris auprès de S.M le Roi Mohammed VI de ne plus s'immiscer comme il l'a toujours fait dans l'affaire du Sahara marocain. Certes, les responsables algériens arguent qu'ils ne peuvent pas dissoudre le Polisario, mais n'ont-ils pas la possibilité d'observer un minimum de neutralité sur ce conflit et laisser les Nations unies lui trouver, dans la sérénité requise, une solution juste et équitable ? Non, ce n'est pas la ligne de conduite d'Alger. Elle n'a jamais changé depuis plus de 25 ans. C'est cette politique du double jeu sur fond d'escalade et de surenchère, devenant à chaque fois un peu plus pernicieuse, que le Maroc rejette aujourd'hui, renvoyant l'Algérie à ses contradictions et à son manque de sérieux. Cela dit, pas de frontière entre les deux pays et les deux peuples frères sauf celle du Polisario. C'est cette entité chimérique, créée de toutes pièces par l'Algérie, qui les séparera tant que le pouvoir algérien ne sera pas revenu à de meilleurs sentiments à l'égard de son voisin. Que Abdelaziz Bouteflika se détrompe ! Les Marocains ne sont pas du genre à tourner le dos à leur cause sacrée pour peu qu'on leur miroite les pétrodollars des touristes algériens ou des affaires qui peuvent être développées de part et d'autre. Le dossier de l'intégrité territoriale du Royaume ne sera jamais soluble dans la manne pétrolière. L'histoire s'accélère au Maghreb : il est de nouveau aux prises avec l'une des crises les plus aiguës qu'il n'ait jamais connu.