Pour Ahmed Zarouf, ancien colonel de la gendarmerie royale, actuellement député du MP à Taounate, l'opération du GSPC en Mauritanie n'est qu'une diversion. La prochaine cible sera le Maroc. ALM : Pensez-vous qu'il y a un lien entre le Groupe salafiste pour prédication et le combat (GSPC) et les militaires algériens? Ahmed Zarouf : Personnellement, je souscris totalement aux thèses qui affirment que le GIA a plusieurs couleurs. Et que par conséquent, le GSPC est une création de la sécurité militaire algérienne. Partant de cela, je suis donc convaincu que les attentats perpétrés par le GSPC en Mauritanie ne sont, en réalité, que des manœuvres de diversion dans le cadre d'une opération beaucoup plus grande qui vise, en premier lieu, la sécurité du Maroc. En d'autres termes, je crains que la prochaine cible du GSPC ne soit un point névralgique au Nord du Maroc. Vous semblez catégorique dans vos propos. Qu'est-ce qui vous rend si sûr ? Vous savez, les différents services de la sécurité militaire algérienne sont tellement étoffés et tellement présents sur le terrain, surtout du côté de la frontière marocaine, qu'il est quasiment impossible qu'une opération de cette envergure ne soit réalisée sans que l'armée algérienne ne soit préalablement au courant. Pourtant, on a estimé que cette opération n'est qu'une réaction du GSPC à la vague d'arrestations qui a touché les islamistes mauritaniens... Il ne faut pas que l'opinion publique soit victime d'une nouvelle escroquerie médiatique. La première a concerné le rapt des touristes allemands dans le désert algérien par le groupe du fameux El Para. Il s'est avéré, à la suite d'une enquête approfondie réalisée sur le terrain par des journalistes français, que cet El Para n'est autre qu'un ancien commandant de la sécurité militaire algérienne. En outre, le modus operandi de l'opération du GSPC en Mauritanie ressemble fort à celui utilisé par la sécurité militaire d'Algérie. Un acte terroriste perpétré par Al Qaïda frappe les villes et les civils. Alors que là, ce sont de pauvres militaires sans véritables moyens de défense qui ont été attaqués. Quel est le but des militaires algériens à travers l'organisation d'attaques de ce genre ? L'Algérie essaye par tous les moyens de ramener les Américains à de meilleurs sentiments à son égard. Alger a manifesté son souhait, à plusieurs reprises, d'accueillir une base militaire américaine. Mais les Etats-Unis n'ont rien voulu savoir. Ils auraient préféré d'installer leur base dans l'axe qui relie la ville de Tan-Tan à celle de Tata. C'est un véritable camouflet politique et militaire pour l'Algérie. Vous dites que le Maroc sera la prochaine cible du GSPC. Que faut-il faire dans ce cas ? A mon avis, l'armée marocaine doit mettre en état d'alerte toutes ses forces frontales. Comme je vous l'ai expliqué, le GSPC peut tenter un nouveau coup sur le sol même du Maroc. Ce serait une suite de l'opération de la Mauritanie. Quel intérêt l'Algérie a-t-elle de commander au GSPC une attaque contre le sol marocain ? Mes propos ne sont qu'une hypothèse d'un observateur averti. Les autorités militaires marocaines doivent prendre leurs dispositions pour comprendre les tenants et les aboutissants d'une telle opération. Mais il ne faut pas oublier que le polisario a menacé de reprendre les armes contre le Maroc. Comme tout le monde sait, le polisario est aussi un instrument entre les mains des militaires algériens. En cas d'attaque sur le sol marocain, quelles en seraient les conséquences ? Je fais confiance en la sagesse de tout le monde pour en tirer les conclusions qui s'imposent. Si jamais une telle attaque se produirait, il va falloir sensibiliser les chefs d'Etat de la région et mobiliser les grandes puissances, essentiellement les Etats-Unis. En fait, je suis même enclin à souhaiter que ça arrive. Peut-être que dans ce cas de figure, tous nos problèmes se règleront. En tout cas, j'espère que le Maroc ne se contentera plus de subir les évènements et de se laisser dépasser par eux. Il faut qu'il sache anticiper et préparer toutes les parades qu'il faut.