Le Tadjikistan et l'Uzbekistan étaient représentés au Festival des musiques sacrées, lundi soir à Bab Makina. Les troupes du Badakshan et de l'Académie du Shah Makam ont enchanté le public. L'Asie est à l'honneur à cette onzième édition du Festival des musiques sacrées de Fès. Le choix du plateau artistique vient renforcer davantage cette thèse. Les troupes participantes sont en effet dans leur majorité des Asiatiques. Ainsi, après avoir assisté aux prestations des artistes indiens Anurekha Gosh et Ravi Shankar, le public de Bab Makina avait rendez-vous lundi 6 juin avec une troupe de l'Asie qui vient du Tadjikistan. Et plus particulièrement d'une région nommée «Badakshan». Cette région est autonome et se situe dans la partie ouest du Pamir, tout proche de l'Afghanistan et de la Chine. Cette partie du globe est peuplée de montagnards. Du coup, leur musique s'adapte à la nature dans laquelle ils vivent. Les sonorités sont pour la plupart de haute portée et se répercutent loin dans l'atmosphère. Cette musique du Badakshan peut être assimilée à celle d'«Ahwash» au Maroc et qui est justement interprétée en plus haute région montagneuse. Ces rythmes ne peuvent justement être joués qu'en plein air et de préférence en face de montagnes. Cette troupe du Badakshan, qui s'est produite lundi soir à Bab Makina, avait fait un passage la veille à la place Bab Boujloud. Une place à concerts gratuits et qui se situe juste en face de la célèbre montagne «Zalagh» de Fès. L'espace s'adaptait parfaitement bien à la vocation de cette musique du tréfonds du Tadjikistan où les rythmes peuvent s'écouter à des centaines de kilomètres. La portée de cette musique est en effet très puissante. Cette musique de montagne se caractérise également par ses mélodies à tonalité islamique. Ceci viendra s'expliquer par le fait non négligeable que la population du Badakshan est majoritairement musulmane. La plupart font partie de la branche ismaélienne de l'Islam chiite. C'est pour cette même raison que leur répertoire comprend des Amdahs qui ne sont autres que des chants de louanges, de lamentations. Ces chants sont accompagnés d'instruments spécifiques nommés «falakh» et des chants de tradition populaire «les Khalqi». Après quelques morceaux instrumentaux accompagnés de chants, la danse entre en scène. Elle est interprétée par une célèbre danseuse Sahiba. Elle est considérée comme étant l'une des pus grandes chanteuses du pays et illustre le riche symbolisme des danses de la montagne le Pamir du Tadjikistan. Le spectacle de Bab Boujloud s'est avéré plus réussi que celui de Bab Makina que la montagne Zalagh tout près de Bab Boujloud faisait naître une communion entre la magie de la nature et celle des rythmes et sons tadjiks. Après les chants du Tadjikistan, les spectateurs de Bab Makina ont pu découvrir la musique classique des Uzbeks et Tadjiks. C'était donc au tour de l'Aadémie du Shah Makam de se produire sur scène. Ce terme qui paraît à prime à bord étrange, voire excentrique, représente en fait un style qui provient de l'Asie centrale. Les textes sont inspirés du soufisme. Ce qui produit des mélodies lyriques. Tout cela, en y ajoutant les accompagnements instrumentaux d'une grande rigueur. Une rigueur qui n'empêche pas néanmoins de produire des sonorités belles, même si elles peuvent paraître par moment ennuyeuses par le rythme lent. Mais cette lenteur est propre à la musique spirituelle. La méditation ne vient que par la voie du calme. C'est pour cette raison essentielle que les bouddhistes, pris comme exemple dans le registre de la méditation, font des prières en pleine nature.