Depuis Tunis, où il participe à une réunion du Conseil consultatif arabe, le secrétaire général du PJD, Saâd Eddine El Othmani, revient sur la visite qu'il a effectuée en Espagne. Entretien. ALM : Quel bilan pouvez-vous faire de la visite que vous venez d'achever en Espagne, à la tête d'une délégation de votre parti ? Saâd Eddine El Othmani : Tout d'abord, je peux vous assurer que tous les responsables espagnols que nous avons rencontrés lors de notre visite, ont extrêmement bien accueilli notre déplacement. Ils nous ont affirmé que c'est la première fois qu'un parti politique marocain effectue une visite de ce niveau-là. C'est ainsi que l'accueil auquel nous avons eu droit était, tout simplement, unique du genre. Les débats avec les uns et les autres étaient très riches. Tous les sujets qui intéressent le gouvernement, les partis politiques d'Espagne et sa société civile ont été soulevés. Nous avons retenu que les contacts directs sont extrêmement importants, non seulement pour notre parti mais également pour nos interlocuteurs espagnols. En somme, nous avons conclu à l'issue de cette visite que le Maroc a besoin de l'Espagne et que l'Espagne a elle-aussi besoin de nous. De quoi avez-vous parlé lors de ce déplacement d'une semaine ? Comme vous le savez, les relations officielles entre le Maroc et l'Espagne connaissent un essor depuis plusieurs mois. Nous avons estimé qu'il était de notre devoir d'accompagner cet essor, grâce à la diplomatie partisane. Ceci dit, nous avons insisté lors de nos différents entretiens avec tous nos interlocuteurs espagnols sur la nécessité de développer les relations de coopération entre nos deux pays. Nous leur avons exprimé notre souhait de voir les investissements espagnols, dans tous les domaines, s'accroître davantage. Certes, aujourd'hui, il y a plus de 900 entreprises espagnoles installées au Maroc. Mais cela ne correspond nullement au niveau des relations historiques, culturelles et de voisinage qu'entretiennent le Maroc et l'Espagne. Notre délégation a également attiré l'attention des responsables espagnols sur l'importance de l'action de la société civile ibérique auprès des populations marocaines. A-t-il été question, lors de votre visite, des Marocains résidant en Espagne ? Oui, bien sûr. Notre délégation a d'ailleurs rencontré des membres de la communauté marocaine d'Espagne. Ils nous ont parlé des difficultés administratives qu'ils avaient auprès des représentations consulaires marocaines. Des consulats qui sont peu nombreux compte tenu de l'importance du nombre de Marocains installés en Espagne. Pour ce qui est des autorités du pays d'accueil, elles ont soulevé avec nous la question de la gestion des mosquées, le recrutement et la formation des imams. En somme, elles souffrent d'un manque flagrant d'interlocuteurs auprès de la communauté musulmane. Justement, que leur avez-vous proposé concernant cette dernière question ? Nous leur avons dit que pour le Maroc, le ministère des Affaires islamiques et des Habous était l'interlocuteur idéal. Cependant, elles nous ont expliqué qu'en Espagne, il y a plusieurs communautés musulmanes autres que la Marocaine, même si cette dernière est, de loin, la plus importante du pays. Quel est le parti politique espagnol avec lequel vous sentez le plus d'affinités ? En fait, il est difficile de se prononcer aujourd'hui sur cette question. C'est notre première visite en Espagne, nous avons rencontré tous les partis représentés au Parlement, avec lesquels nous avons eu des discussions extrêmement riches. Avez-vous discuté de l'affaire du Sahara ? Bien évidemment. Dans notre délégation se trouvait un membre du secrétariat national du PJD, Ali Rezma, qui est originaire des provinces sahariennes. A chaque occasion, il leur expliquait que les autorités, les partis politiques et la société civile espagnols ne devaient pas se contenter d'un avis unique et que les Sahraouis au Maroc doivent également être écoutés. Quelles sont les critiques faites au PJD, en sa qualité de parti islamiste ? Il ne s'agit pas de critiques à proprement parler. Par exemple, certains hommes d'affaires ont cru que nous voulions interdire la vente d'alcool aux touristes qui se rendent au Maroc. Mais nous leur avons expliqué que telle n'était pas notre intention. A titre d'exemple, le président de la commission touristique dans la commune de Marrakech, une ville touristique par excellence, est un élu du PJD. Quelles sont les prochaines étapes dans le rapprochement entre le PJD et l'Espagne ? Les élus communaux du PJD vont bientôt effectuer une visite en Espagne. A ce titre, nous souhaitons conclure des jumelages entre communes marocaines et espagnoles. Des visites d'hommes d'affaires espagnols seront également effectuées au Maroc. Ceci sans oublier les échanges réguliers entre partis politiques.