L'Algérie a refusé la main tendue du Maroc. Ceci est incontestable. Bouteflika préfère le Polisario au Maghreb. Ceci est aussi incontestable. Alors, à quoi rime la sortie de Hassan Abouyoub ? Hassan Abouyoub a fait récemment le voyage de l'Algérie où il n'est pas passé inaperçu. Et pour cause, l'ex-ambassadeur du Maroc à Paris et plusieurs fois ministre, qui a pris la parole devant le quatrième symposium d'El Oued, a livré à cette occasion, sur un ton docte comme il sait le faire, sa vision du Maghreb. Il a d'abord commencé par faire assumer l'avortement récurrent de l'intégration maghrébine à “des régimes qui restent déconnectés de la réalité“ où “l'État de droit“ est inexistant. Tout à son enthousiasme débordant, l'orateur lance l'idée qui tue qu'il emballe à sa façon : “ la question du Sahara ne constitue pas un obstacle à l'union économique et il faut la mettre de côté et éviter de s'en servir comme un argument à chaque fois“. Extraordinaire, on dirait un responsable algérien qui parle ! L'intervention s'est déroulée sous le regard de l'ambassadeur du Royaume à Alger, Saïd Berriyane ! Quelle mouche a donc piqué M. Abouyoub pour s'aligner de manière aussi flagrante sur les thèses de Bouteflika et de ses hommes assidus dans leur hostilité à la marocanité du Sahara ? La formule de “l'économique d'abord“ est une idée défendue par les responsables algériens eux-mêmes avant qu'elle ne soit assassinée il y a une dizaines de jours par les déclarations provocatrices du président algérien à un moment où une dynamique de rapprochement entre les hommes d'affaires des deux pays commençait à s'amorcer. On voudrait casser un début de normalisation prometteur que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Et le coup de semonce est venu bel et bien du camp algérien. L'Algérie a refusé la main tendue du Maroc. Ceci est incontestable. Bouteflika préfère le Polisario au Maghreb. Ceci est aussi incontestable. Alors, à quoi rime la sortie de Hassan Abouyoub ? On connaît le libéralisme débridé de l'ancien ministre du Commerce extérieur et de ses ravages notamment sur le secteur des céréales. Mais vouloir l'appliquer aussi à l'affaire de l'intégrité territoriale du Royaume, voilà quelque chose dont les ressorts ne sont pas clairs à moins qu'il ne s'agisse d'une nouvelle théorie du libéralisme sauvage. On connaît le patriotisme et la lucidité de M. Abouyoub aussi. Mais au nom de quelle philosophie lumineuse voudrait-il que la cause sacrée du Maroc soit mise en veilleuse alors que l'autre partie respire la mauvaise foi et la duplicité ? Par quel raisonnement subtil est-il arrivé à la conclusion qu'il faut vendre au rabais sa terre pour faire place net au commerce ? Étonnant Abouyoub. Cherchait-il à plaire à Alger ou à envoyer un quelconque message aux autorités marocaines? Une chose est sûre : cette situation rappelle étrangement le chantage exercé par Driss Basri sur le même dossier dans une tentative d'attirer l'attention sur ses problèmes d'exilé de luxe sans passeport. Faut-il voir dans la sortie de Hassan Abouyoub une certaine amertume ? Apparemment, l'intéressé vit toujours dans l'attente d'un poste de responsabilité qui tarde à venir.