Elle développe plusieurs projets à la fois Bien qu'elle existe depuis 13 ans, sa renommée s'est davantage révélée au grand jour en cette période de pandémie. La fondation MAScIR (Moroccan foundation for advanced science, innovation and research) est désormais connue pour avoir inventé le test PCR 100% marocain pour la détection de la Covid-19. Mais, elle ne s'est pas contentée de cette réalisation. Elle compte en faire d'autres et elle a plus d'ambitions qu'elle a annoncées, mercredi, lors d'une visite marquée, dans son siège à Rabat, par la présence d'une délégation d'ambassadeurs de plusieurs pays et d'organismes nationaux et internationaux. Initié en partenariat avec le PNUD et l'ambassade de Suisse, cet événement, organisé dans la fondation créée par les pouvoirs publics pour la promotion de la R&D orientée industrie et marché et relevant de l'Université Mohammed VI polytechnique de Benguerir, s'inscrit, selon Nawal Chraibi, DG de cette structure, «dans le cadre de la semaine interrégionale sur les technologies émergentes au service du développement dans la région des Etats arabes et la région Afrique qui se tient jusqu'au 18 décembre à l'initiative de l'Union internationale de la télécommunication». Une visite qui a permis de témoigner des avancées de la fondation en plein contexte pandémique. 3 millions de tests Covid par mois Pour le moment, la capacité de production industrielle de MAScIR en termes de tests Covid a atteint, selon Pr Abdeladim Moumen, directeur du centre de diagnostic moléculaire relevant de cette structure et directeur scientifique de la startup Moldiag, «un million de tests par mois. Vu que la Covid est une pandémie, la commande est élevée». «Nous attendons un robot peeker qui fait la distribution des tests dans des tubes qui va nous permettre d'aller jusqu'à trois millions par mois dans le futur», détaille-t-il. Outre le test PCR, MAScIR, qui a une licence d'exploitation et travaille avec le ministère de la santé comme premier client, conçoit des tests et kits qui sont, selon l'interlocuteur, «sur le pipeline». Dans ce sens, il énumère ceux de l'hépatite C, la tuberculose, le cancer de sein et de prostate. «Ces tests sont déjà développés, nous attendons les autorisations pour la commercialisation. Nous avons déjà l'autorisation pour l'hépatite C», ajoute-t-il. Et ce n'est pas tout. La fondation, qui a, selon Mme Chraibi, 180 brevets enregistrés, mène d'autres travaux de R&D. Projet pour l'utilisation de microalgues Comme le précise Pr Issam Miftah Kadmiri, directeur de laboratoire de biotechnologie végétale, un projet est mené avec une université espagnole et d'autres partenaires en France et en Italie pour «utiliser les microalgues en vue de traiter les eaux usées dans le milieu rural avant de les récupérer pour l'irrigation». «Cela a des avantages concurrentiels. Nous ambitionnons de développer des scénarios marocains dans ce sens», enchaîne-t-il. Mieux encore, la fondation a d'autres projets. Un pavé de marcheurs pour chevaux, du bioplastique... Entre autres, MAScIR travaille, avec la Sorec, pour la production d'un pavé de marcheurs pour chevaux à la sortie des écuries. Pour l'heure, ce pavé a déjà un client pour la production des premiers 600 mètres carrés. De plus, un montage d'une unité industrielle dans une région au Maroc est en cours pour ce produit. Aussi, la fondation travaille sur le «bioplastique» pour l'emballage des produits bio. «Le défi c'est de fabriquer le bioplastique par des techniques usuelles de plasturgie pour en minimiser le coût», indique Rachid Bouhfid, chercheur senior au centre Composites et Nanocomposite de la Fondation MAScIR. A leur tour, le liège et des fibres naturelles sont également travaillés par la structure. «Il faut prendre conscience des effets néfastes des polymères sur l'environnement, ainsi nous pouvons avoir un marché sur ces matériaux», ajoute M. Bouhfid. Pour l'heure, les autres produits comme le bioplastique sont en phase d'essai et pour l'argile il faut un investissement capitalistique. «Il y a des startups que nous allons créer nous-mêmes pour aller sur le marché afin de montrer l'exemple et c'est comme ça que nous pourrons convaincre l'Etat à travers des prototypes», déclare à ALM Mounir Ouitassane, Head of business development & valorization à MAScIR. Pour lui, le défi c'est de passer à la phase industrielle, soit maîtriser les résultats du laboratoire en processus industriel. «C'est ce que nous sommes en train de faire», conclut-il.