Après le lifting de ses remparts, la perle du Nord veut retrouver sa gaieté d'antan. «Alegria Achamalya», son festival, promeut un esprit de fusion arabo-andalouse. Et, universalisme oblige, s'ouvre à d'autres rythmes. Chefchaouen essaye, bon an mal an, de retrouver son âme. Forte de beaux sites historiques, et de remparts érigés comme pour préserver jalousement le cœur de sa Médina, la perle du Nord marocain a dernièrement fait l'objet d'un travail patient de restauration mené par le ministère de la Culture avec le concours de la coopération internationale. En 2004, cette belle ville a vu la création du Festival «Alegria Achamalya», dont le concept, ibéro-arabe, sous-tend le désir de la ville de retrouver son allégresse. Pour 2005, «Alegria Achamalya», tout en préservant son identité arabo-andalouse, intègre d'autres genres de musiques. Et là, Faudel sera vraiment la petite cerise sur le gâteau. Célèbre par ses best-off dans le pur style Raï, dont «Beïda», sans oublier le tube «Un, deux, trois soleils» enregistré avec Khaled, Mami et Rachid Taha, Faudel, d'après les organisateurs, serait en train de préparer un répertoire spécial au Festival «Alegria Achamalya». Dans un autre registre, ce festival, organisé par l'Agence de développement du Nord et la municipalité de Chefchaouen, produira une autre tête d'affiche, en l'occurrence «Hanine», chanteuse libanaise interprétant des reprises d'Oum Keltoum et de Mohamed Abdelwahab sur des rythmes de salsa. L'artiste sera, à cet effet, accompagnée de l'interprète cubain José Fernandez. Ce dernier chante aussi bien en espagnol qu'en arabe. Côté local, la musique chefchaounie sera fort représentée. Parmi les groupes invités, on peut citer les célèbres «Haddarates Al Fan Assil» spécialisées dans les «Amdah» (panégyriques) et autres chants sacrés, les « Khomsi » connus pour leur maîtrise de la « Taqtouqa al-jabalya», «Rif Gnawa», «Abd Annibi» pour l'art de «l'ghaïta», «Mchael» dont le style fait la part entre les airs de Jil Jilala et les rythmes de Lemchaheb, les «Bardia» qui, comme leur nom l'indique, chantent les valeurs chevaleresques avec ce que cela implique en termes de courage et de sacrifices. Des styles d'autres régions ne seront pas en reste. Dans le chapitre du «Melhoun», Majda El Yahyaoui, originaire d'Arbyaâ Al-Gharb, sera au rendez-vous. Les jeunes n'en seront pas moins gâtés. Deux groupes habitués du Boulevard casablancais des jeunes musiciens seront de la partie : « Darga » et « Hoba-Hoba-Spirit ». En dehors des concerts d'animation, place au débat sur la musique. Malek Bennouna et M.Akrami, musicologues, seront invités à débattre de la musique andalouse sous son angle historique. Et ce n'est pas fini… En plus de la musique, le festival prévoit des représentations de deux pièces de théâtre : « Les Jardins de Lorca » de la troupe Abinium et «Bnat Lalla Mennana» de la troupe chefchaounie « Tacon» (Talon-aiguille). Adaptée d'un texte de Federico Garcia Lorca, «La Maison de Bernarda Alba», «Bnat Lalla Menna», interprétée sur le mode de l'humour, entre autres par Saädia Ladib, Nora Skalli, Hind Saâdidi, prend fait et cause pour la femme. En ce qui concerne la poésie, Mohamed Tabal, d'origine chefchaounie, donnera un récital avec accompagnement musical et arrangement scénique. Le caftan chefchaouni sera également à l'honneur. Un défilé de mode est prévu… Pour faire découvrir la ville-hôte, les organisateurs prévoient des excursions dans différents endroits de Chefchaouen. On peut citer, entre autres, Ras al-maâ, Sabbanin et Akchour où des visites guidées, avec des piques-niques, seront organisées à l'intention des visiteurs, marocains et non-marocains, l'objectif étant d'encourager le tourisme à Chefchaouen, dans sa dimension aussi bien locale qu'internationale. Ces visiteurs auront également l'occasion de découvrir des objets d'art et d'artisanat de fabrication locale, à travers plusieurs expositions.