Les élections législatives au Liban sont prévues pour dimanche prochain. Jusque-là, neuf candidats sont en lice. Parmi eux l'ancien général rentré récemment d'un long exil. Après le climat de tension qu'a connu le Liban suite au décès de Rafik El Hariri en février dernier, le pays se réorganise. Du moins c'est ce que préconise la tenue des éléctions législatives qui auront lieu le dimanche prochain à Beyrouth. La course aux législatives est d'ores et déjà lancée et elle est marquée par l'entrée de l'ancien général Michel Aaoun. Ce dernier est rentré début mai au Liban après 15 ans d'exil. Il se présente aujourd'hui aux élections. Cependant, l'autre nouveauté est qu'il se présentera séparément. Les observateurs voient cette décision comme une volonté de créer une rupture au sein de la coalition de l'opposition anti-syrienne. «Nous avons décidé de nous présenter à l'élection et ce sera aux Libanais de se déterminer», a déclaré l'ancien chef des Armées au cours d'une conférence de presse chez lui. Les Libanais pourront ainsi «pleinement exercer leurs droits», a ajouté Michel Aoun. Depuis l'assassinat de Rafic Hariri en février, druzes, musulmans, et chrétiens opposés à la présence syrienne au Liban avaient présenté un front uni. Le dirigeant chrétien, opposant historique à la présence syrienne, rentré au pays du Cèdre le 7 mai après le départ des derniers soldats syriens présents au Liban depuis 29 ans, s'était promis de bâtir une vaste alliance de l'opposition. Mais les tractations étaient déjà en cours sans tenir compte de Michel Aoun qui mena sans succès en 1989-90 une «guerre de libération nationale» contre les soldats syriens et se considère toujours comme la seule «vraie opposition». Aoun et ses lieutenants avaient mené des négociations marathon jusqu'aux petites heures de mardi avec les représentants du chef druze, Walid Joumblatt et de Saad Hariri, fils de l'ancien Premier ministre assassiné. Michel Aoun semble avoir refusé de partager avec les ténors sunnite et druze de l'opposition une importante circonscription au sud-est de Beyrouth. Ceci dans l'optique d'organiser des élections législatives de dimanche 29 mai. Michel Aoun a justifié sa décision par son refus de se voir partager les 11 sièges musulmans et chrétiens suivant une logique de religion dans la circonscription d'Aley-Baabda. Le désaccord sur le partage des 11 sièges d'Aley-Baabda (cinq maronites, trois druzes, deux chiites, un orthodoxe), que M. Joumblatt considère comme son fief, présage de l'impossibilité de former des listes communes dans la circonscription voisine du Chouf, ainsi que dans les deux circonscriptions du Liban-Nord. "Les pourparlers qui concernaient plus d'une circonscription sont arrêtés et il y aura des batailles électorales partout", a déclaré le député du courant Hariri, Ghattas Khoury. Waël Abou Faour, proche de M. Joumblatt, a confirmé que le désaccord est "total" avec le général Aoun et que les discussions ont achoppé sur les quotas. A quelques jours des législatives, il se veut également au-dessus de la mêlée confessionnelle, chantre du changement et champion de la lutte contre la corruption. Contrairement à ses pairs au Liban, le général a appuyé ouvertement la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU enjoignant à Damas de retirer ses troupes présentes depuis vingt-neuf ans chez son voisin. Une preuve que Michel Aoun ne mâche pas ses mots. Il ne compte pas lésiner sur les moyens pour s'affirmer lors des élections de dimanche prochain.