Un clamp de près de trois centimètres a rongé, durant près de 11 mois, la vie de Naïma Bensalem. Suite à une opération chirurgicale dans la «Clinique Agdal», à Rabat, un instrument médical a été oublié dans l'abdomen de cette jeune mère. Récit. Naïma Bensalem est une jeune mère de deux enfants. Cette infirmière exerçant dans l'un des dispensaires de la ville de Rabat n'arrive plus à vaquer à ses tâches quotidiennes, au travail comme chez elle. Et pour cause, elle a de plus en plus mal à bouger ses pieds et son bras gauche. Depuis que l'on a retiré de son corps un clamp de près de trois centimètres, Naïma Bensalem est clouée à son lit. Cet instrument chirurgical, qui sert en fait à pincer les vaisseaux pour empêcher les hémorragies lors des opérations, est resté dans ses entrailles pendant près de 11 mois. L'histoire remonte au jeudi 18 mars 2004, lorsque la patiente a été opérée dans la «Clinique Agdal», à Rabat. Elle souffrait de problème cardio-vasculaire et devrait être, selon le compte-rendu de ladite clinique, «opérée en urgence pour une ablation d'un dispositif de fermeture de CIA (communication inter-auriculaire) bloqué au niveau de l'aorte abdominale sous-rénale». « En début d'année dernière, le cardiologique du Centre hospitalier universitaire d'Ibn Sina qui suivait le cas de Naïma l'a exhortée de subir, dans les plus brefs délais, une opération chirurgicale, en l'occurrence dans la «Clinique Agdal», explique son époux. Et d'ajouter que «non seulement l'hospitalisation dans cette clinique a été un échec total, mais mon épouse en est ressortie avec une pince dans le ventre !». En fait, le rapport de l'opération de Naïma Bensalem dans la «Clinique Agdal» détaille les étapes chirurgicales qu'elle a subies durant toute la période de son hospitalisation et mentionne que « la prothèse, qui a été placée au niveau de la CIA ostium-secundum, a été retirée par voie chirurgicale par le Pr. Mekouar». Et c'est justement la conclusion de ce rapport qui avait mis les Bensalem hors d'eux : «échec de la pose d'une prothèse Amplatzer pour fermeture de CIA». Mais, Naïma Bensalem a pris son mal en patience et a suivi avec assiduité son traitement. D'ailleurs, elle s'était même résignée à reprendre son travail. «Une manière de dire que la vie continue malgré tout, même si elle ne faisait que le minimum dans son travail, eu égard à sa faible santé », note-t-il. Durant toute cette période post-opératoire, la victime a vu sa santé se dégrader de jour en jour. Elle sentait que «quelque chose la rongeait de l'intérieur» et souffrait de maux qui s'intensifiaient davantage. Ces douleurs ont atteint leur pic au mois de février dernier lorsqu'elle s'est évanouie au cœur du dispensaire où elle travaillait. Le service des urgences du Centre hospitalier universitaire d'Ibn Sina a diagnostiqué, au bout de trois jours d'hospitalisation, origine du mal : la présence d'un corps étranger au niveau de l'abdomen de cette malade. C'est ainsi qu'elle a subi, le 2 mars dernier, dans une autre clinique de la capitale, une intervention chirurgicale pour extraire un clamp assez grand. Passée l'émotion suscitée par cette découverte, Naïma Bensalem a décidé de porter l'affaire devant les tribunaux. «Surtout que cette clinique a refusé de régler ce litige à l'amiable. Elle a même avancé qu'elle allait nous poursuivre en justice parce que la somme de 20.000 dirhams que nous avions déposée ne couvre, en fait, qu'une partie des frais de l'opération», précise son époux.