Le colloque organisé, vendredi 20 mai, par le Centre Lahcen Lyoussi, en partenariat avec ALM, sur la question de la coopération Maroc-Algérie et l'édification maghrébine, se voulait une contribution sérieuse à la relance de la coopération maroco-algérienne. Le Centre Lahcen Lyoussi a organisé, vendredi 20 mai 2005, en partenariat avec ALM un colloque sur le thème «La coopération Maroc-Algérie et l'édification maghrébine ». À quelques jours de l'ouverture du Sommet de l'Union maghrébine qui se tiendra à Tripoli, ce forum était une occasion pour les hommes d'affaires, journalistes et politiciens des deux pays de discuter des diverses opportunités offertes par une coopération utile et sincère entre le Maroc et l'Algérie. Or, le partenariat maroco-algérien dans le domaine des affaires reste très en deça des attentes. C'est ce qui est ressorti des chiffres annoncés par le ministre marocain du Commerce extérieur, Mustapha Mechahouri. Durant ce colloque, le constat fut unanime. Il serait temps de tirer profit du climat positif et prometteur, qui marque actuellement les relations bilatérales au niveau politique. Cette rencontre s'est proposée de transcender les questions politiques pour aborder les questions plus concrètes de la coopération économique. En effet, après un gel de plusieurs années, les relations maroco-algériennes ont fini par connaître un réchauffement qui ne peut être que bénéfique. La décision algérienne de levée de la procédure des visas aux ressortissants marocains a eu un impact très positif. Un impact qui s'est traduit par une décision similaire du Maroc à l'égard des ressortissants algériens. Appel à la société civile : au-delà de l'aspect économique et politique, Khalil Hachimi Idrissi directeur d'Aujourd'hui le Maroc, a déclaré lors de l'ouverture du colloque que le tissu associatif doit lui aussi jouer son rôle dans le développement des relations maroco-algériennes. M.Hachimi a ainsi appelé à la création d'une organisation pour les jeunes comme moyen pour jeter les jalons de l'avenir. Un appel qui fut par la suite salué par divers intervenants notamment le journaliste algérien Akram Belkaid. Les opportunités que représente une éventuelle coopération entre Marocains et Algériens sont nombreuses. C'est ce qu'a fait savoir Abdelkrim Kemmou, président de la Fédération des Chambres de commerce, de l'industrie et des srvices. M.Kemmou a ciblé les secteurs de coopération bilatérale. Ce sont des secteurs-clés tels que l'agriculture, le tourisme ou encore le secteur des produits pétroliers et de gaz naturel. Selon M.Kemmou, le Maroc pourrait, par exemple, exporter sa main-d'œuvre et son savoir-faire en agriculture en échange du gaz naturel algérien. Le tourisme constitue lui aussi un secteur de complémentarité que les deux pays pourront développer. Par ailleurs, Abdelkrim Kemmou a rappelé la création de la Chambre de commerce mixte algéro-marocaine. Fraîchement créée, cette nouvelle entité a pour but de structurer les relations de coopération économique entre l'Algérie et le Maroc. Autre secteur de complémentarité qui fut évoqué par Nait Abdelaziz Mohammed Said, président de la Confédération nationale du patronat algérien. M.Nait a cité comme exemple de secteur de complémentarité, le bâtiment. Ce dernier a déclaré que l'enveloppe de restructuration du secteur s'est élevée à 5,55 milliards de dinars algériens. Ce secteur vital, à forte valeur ajoutée, pourrait intéresser les promoteurs immobiliers marocains. Le défi de la globalisation : pour sa part, Habib Yousfi, président du patronat algérien, s'est penché sur le problème de la globalisation. La libre circulation des capitaux et des marchés, l'évolution de la technologie et d'autres facteurs rendent le regroupement régional primordial, a-t-il souligné. Selon M.Yousfi, la compétitivité d'un pays isolé ne peut, à elle seule, asseoir les conditions capitales de l'ouverture. D'où l'importance de constituer des blocs régionaux. Disposant de secteurs de complémentarité, le Maroc et l'Algérie peuvent jouer le rôle de locomotive dans le cadre de l'Union maghrébine pour faire face au défis de la globalisation. Le politique d'abord : pour Akram Belkaid, journaliste algérien vivant en France depuis 1995, un bloc régional ne peut se faire sans avoir au préalable réglé les problèmes d'ordre politique. M.Belkaid a invité les Marocains et les Algériens de voir ce qui se passe aujourd'hui en Europe et d'en tirer des leçons. Le grand problème de l'Union Européenne c'est le fait qu'elle a privilégié les échanges économiques en négligeant l'aspect politique, a déclaré M.Belkaïd. Pour éviter que nos pays tombent dans le même piège, Akram Belkaid a invité les dirigeants politiques à s'asseoir autour d'une table et discuter des problèmes en toute franchise. De son côté, le président du Centre, Mohamed Lyoussi a expliqué que la relance de la coopération entre le Maroc et l'Algérie est nécessaire, ajoutant que le contexte politique actuel favorise une telle dynamique.