Le festival de Abidat R'ma a levé le rideau, jeudi soir à Khouribga, pour trois jours et soirées de fête au rythme de cet art séculaire toujours si enraciné et prisé dans nos campagnes et même dans les cités urbaines. Moment fort émouvant lors de la première soirée de cette 6ème édition, l'hommage vibrant rendu à l'un des derniers vétérans de Abidat R'ma, Mohamed El Jedraoui. Ce natif d'Oued Zem est en effet l'un des artistes qui ont marqué des décennies durant ce genre musical traditionnel. Né en 1915 à Aoulad Hammadi (tribu Smaâla), El Jedraoui s'est jeté dès sa prime enfance corps et âme dans cet univers enchanteur. A 90 ans, en dépit de l'usure du temps, ce maestro de Abidat R'ma reste toujours dans le mouvement. Pour lui, il n'est pas question de prendre sa retraite. Cet hommage rendu au complexe culturel de Khouribga a été aussi l'occasion pour M. Abdelaziz Touri, Secrétaire Général au ministère de la culture, de souligner d'emblée la richesse de notre patrimoine nationale dans le domaine des arts populaires, une richesse et une variété qui ne laissent pas indifférent et qui séduisent outre les nationaux, les amateurs des arts populaires un peu partout dans le monde. Un avis partagé par le président de la région de Chaouia-Ouardigha, qui a relevé le rôle majeur d'un tel événement dans le rayonnement culturel et la promotion touristique de la région, tout en plaidant pour la sauvegarde de la mémoire et de la spécificité de nos arts populaires. Les habitants de cette cité connue par le phosphate auront ce vendredi rendez-vous avec d'autres rythmes et représentations prévus dans la place des Moujahidines avec la participation des troupes comme Oulad Cherkaoua, Oulad Ali El Oued, B'ni Ouakil, Samkat et Nachat R'ma-Khouribga. Les localités avoisinantes de la ville ne seront pas en reste puisque les organisateurs ont prévu des spectacles à Oued Zem et à Boujaâd. Abidat R'ma est un genre musical inspiré du rituel de la chasse. Ce rituel, qui coïncide avec le début de la saison de la chasse, est fêté par des chants autant que par la danse. Au moment où le gibier est aux abois, des cris (hourras) s'élèvent pour pousser la proie, apeurée, à cesser toute résistance. Dans ce concert de cris, les chasseurs se livrent à une gestuelle comme pour pousser le gibier dans ses derniers retranchements. Inspiré de la chasse, l'art de Abidat R'ma célèbre également la saison des moissons. S'il est né de la période de chasse, il est aussi présent au moment des récoltes. A cette période, Abidat R'ma expriment la joie des paysans de récolter le fruit de leur labeur, surtout quand les terres sont généreuses. Au premier soir de ce festival, un spectacle en plein air animé par sept troupes qui se sont succédées sur une scène enfiévrée par les rythmes endiablés des troupes invitées à cette fête exceptionnelle comme Oulad H'mar (Safi), Labardia (Kelaât S'raghna), Al Amriat ( Khouribga), B'ni Zemmour (Abou Jaâd) et autres Brakat S'ghar ( Kasbat Tadla).