Décidément, la préparation des propositions pour le projet de loi de Finances 2021 n'a pas été chose facile pour la CGEM. La conjoncture sanitaire actuelle et ses aléas économiques (décroissance, déficit budgétaire, perte d'emploi et faiblesse d'investissement) ont rendu l'exercice encore plus difficile. C'est d'ailleurs ce qu'a confirmé Chakib Alj, président de la CGEM, lors du point de presse tenu, lundi 28 septembre, pour discuter des recommandations du patronat relatives au nouveau cadre budgétaire qui intervient dans un contexte économique et social incertain. «Nos propositions constitueront un défi pour le budget de l'Etat mais elles sont nécessaires pour que les entreprises se relèvent de cette crise. Autrement, nous risquons de les voir disparaître ainsi que les recettes fiscales qui vont avec. Nous ne le dirons jamais assez, cette crise porte et portera beaucoup de préjudice à nos entreprises et à la pérennité de l'emploi comme c'est le cas partout ailleurs», a déclaré M. Alj. Le discours du Trône comme référence La CGEM a bâti le socle de ses recommandations sur la base des annonces émises dans le discours du Trône. Des orientations royales qui tendent à insuffler une dynamique socio-économique à travers l'injection des 120 milliards de dirhams pour stimuler la relance économique et généraliser la couverture sociale à l'ensemble des Marocains à l'horizon 2025. «Nous nous sommes basés sur notre vision de la relance de notre économie tout en intégrant les Hautes orientations royales afin de construire la feuille de route de la CGEM pour la loi de Finances 2021», affirme le président de la CGEM. Les propositions de la CGEM visent à renforcer l'entreprise comme moyen de préserver l'emploi, de garantir la liquidité et de relancer l'offre Maroc. A travers ce package proposé, la CGEM ambitionne de réussir le passage d'une économie en récession à une économie productive. Une transition qui garantirait une sortie de crise avec le minimum de dégâts possible. Cinq priorités relevées Les propositions relatives à la liquidité des entreprises et à la compétitivité du tissu économique sont les plus fondamentales pour les patrons. La loi de Finances 2021 telle qu'elle est pensée par la CGEM doit instaurer les bases d'une économie compétitive et résiliente et surtout intégrer la dimension sociale. Les propositions émises, dans ce sens, s'articulent autour de 5 priorités. Il s'agit en premier de maintenir les acteurs en activité et préserver, en conséquence, les emplois. «La résilience de notre économie tient à la survie de ces acteurs que nous devons soutenir plus que jamais à travers des mesures audacieuses leur accordant un carnet de commandes stable et des aides ou incitations leur permettant de renforcer leurs capacités productives actuelles», relève-t-on de Chakib Alj. La CGEM définit, également, l'accélération de la capitalisation des entreprises comme nécessité. «L'allégement des conditions pour les opérations de structuration et d'apports en capital permettra de faire émerger une nouvelle génération d'entreprises solides, compétitives qui pourra porter les projets industriels de substitutions aux importations et le Made in Morocco», peut-on retenir du président de la Confédération. De même, le patronat érige, comme urgence, l'accélération de la réforme de la TVA. L'impératif étant de recouvrer les créances dues par l'Etat pour alléger les trésoreries des entreprises fortement impactées par la crise, et ce avant même de vouloir s'orienter vers d'autres finances. Les propositions de la CGEM sur le plan social sont globalement dédiées au capital humain. L'obligation étant de maintenir les emplois, d'encourager les recrutements et de stimuler la demande. L'heure est, en outre, au renforcement de la confiance avec l'administration à travers une simplification des relations actuelles et une révision des procédures de contrôle. Des démarches qui, selon la CGEM, permettront à l'entreprise de se concentrer sur sa première mission, à savoir la création d'emploi et de valeur. Des propositions pragmatiques et non budgétivores La question autour du coût des propositions formulées et leur impact sur le budget de l'Etat a été posée à maintes reprises lors de cette rencontre. Les membres de la CGEM sont unanimes sur ce point : les propositions formulées ne sont pas budgétivores. Les membres de la CGEM déclarent avoir pris les réalités du marché et la situation des entreprises en considération lors de l'élaboration des recommandations. «Nous avons fait des propositions qui nous semblent être logiques et pragmatiques. C'est vrai que la situation de trésorerie de l'Etat est difficile mais celle des entreprises l'est encore plus. Il faut préserver les entreprises pour qu'elles puissent se régénérer et payer les impôts dans les années à venir. C'est un équilibre à trouver», fait savoir Chakib Alj. Et de réitérer que «la CGEM est consciente des contraintes budgétaires, mais il va falloir faire des efforts de part et d'autre pour que notre vision s'accomplisse». Les pouvoirs publics sont appelés, à cet effet, à établir un arbitrage et faire preuve d'innovation. «Il vaut mieux faire un effort sur le plan budgétaire quitte à augmenter l'endettement pour soutenir les entreprises et avoir des recettes fiscales qui permettront à long terme de rembourser cet endettement que de faire des calculs qui cherchent à préserver un maximum d'équilibre», estime Abdelmajid Faiz, vice-président de la Commission Fiscalité et Douane de la CGEM. Et d'ajouter que «l'effort demandé n'est pas énorme par rapport aux mesures proposées». A titre d'illustration, M. Faiz indique que le remboursement de la TVA n'est pas un effort supplémentaire à consentir mais plutôt une accélération de ces remboursements. Il a, également, évoqué, dans son argumentaire, la mesure relative à l'exonération de l'IR. «Cette mesure qui peut facilement avoir un impact sur les recettes de l'Etat, favorisera le recrutement et dynamisera par conséquent la consommation et générera de la TVA». Et de conclure que «c'est un calcul dynamique qu'il faut faire sur le moyen et long termes afin d'évaluer ce que gagneront le pays en termes de croissance et d'emploi plutôt que d'opter pour un calcul budgétaire figé à un instant T».