Sur le front de la Covid-19, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a émis 12 recommandations. Sa priorité majeure demeure toutefois de batailler pour préserver les emplois. Pour ce faire, l'organisation patronale demande, entre autres, d'instituer une indemnité pour perte d'emploi sur 6 mois pour préserver le tissu des TPME. «Aujourd'hui, avec la hausse des contaminations et nos suppositions qui se sont avérées fausses (c'est-à-dire de penser que le confinement allait éradiquer le virus et que ce dernier était saisonnier), nous n'avons d'autres choix que d'apprendre à vivre avec le virus. Les mesures barrières restent le moyen le plus efficace pour limiter sa propagation et pour nous éviter un re-confinement qui est inconcevable et serait dramatique pour notre économie». C'est en ces termes, qui en disent long sur les pesanteurs du moment sur l'économie et les entreprises marocaines, que le patron de la CGEM, Chakib El Alj et son équipe ont accueilli les journalistes, au point de presse qu'ils ont organisé, hier au siège de la CGEM, pour dévoiler les chantiers prioritaires de la rentrée économique 2020-2021. Pour autant, la CGEM n'en est pas plus déterminée à sortir de cette crise. Pour ce faire, El Alj a d'abord appelé ses pairs et les membres du gouvernement avec qui ils élaborent les plans à «un changement d'état d'esprit, notamment en passant d'une stratégie défensive qui a prévalu jusque là à une stratégie offensive, en gardant de l'optimisme et une vigilance accrue, malgré le peu de recul et le manque de visibilité qui prévalent». Ensuite, il a assuré à l'assistance que les chantiers prioritaires de la CGEM de cette rentrée économique 2020-2021 se focalisent sur les problématiques économiques induites par la crise mais également sur celles existant bien avant la pandémie comme l'informel, les délais de paiement, les lourdeurs administratives sans oublier le volet social qui restent au centre des priorités du patronat. Par exemple, le patron des patrons pense qu'un programme structurant comme Intelaka doit être redynamisé, parce qu'il peut contribuer fortement à la relance tout en promouvant l'auto-emploi et l'acte d'entreprendre. «D'ailleurs, la CGEM a sollicité le chef du gouvernement pour tenir, dans les prochains jours, une réunion de la plateforme CGEM-Gouvernement pour faire avancer les chantiers urgents», a-t-il notamment déclaré. Parmi ces chantiers, il y a le projet de Loi de Finances 2021(PLF 2021). Quatre axes pour structurer le PLF 2020-2021 Le patronat a notamment travaillé sur cinq axes pour en faire un texte structurant qui instaure les bases d'une économie plus résiliente et compétitive et qui redonne confiance aux chefs d'entreprises. Le premier, c'est de faire en sorte de préserver le tissu productif et d'améliorer la compétitivité de l'entreprise marocaine, en révisant les démarches et dispositifs fiscaux ou douaniers qui entravent son développement et sa compétitivité. Le second, c'est d'encourager la préférence nationale, en donnant un corps aux démarches techniques et commerciales. Le troisième, c'est d'orienter le système de taxation sur l'acte de consommer, en allégeant voire supprimant toute taxation qui porte sur la valeur créée par l'entreprise. Le quatrième, c'est d'intégrer la dimension sociale dans ce PLF. Alors que le cinquième et dernier axe va consister à proposer l'écotaxe pour pousser les entreprises à contribuer à l'effort de transition écologique du pays. Tous ces axes seront traduits en mesures concrètes pour faciliter leur intégration dans le PLF 2021. «Nous avons déjà engagé le travail dans ce sens», est-il expliqué. Sinon, sur le front Covid-19 proprement dit, la CGEM a émis 12 recommandations (Voir encadrés). Sa priorité majeure est toutefois de batailler pour préserver les emplois. C'est d'ailleurs, l'un de ses engagements majeurs dans le cadre du Pacte pour la relance économique et l'emploi. Pour sauver les TPME qui composent majoritairement le tissu entrepreneurial, le patronat propose la mise en place d'une Indemnité Perte d'Emploi (IPE) de 6 mois pour tous les secteurs. Forte attente du plan de relance «Nous sommes dans l'attente du déploiement des mesures de soutien par les fonds propres et des plans de relance sectoriels» a déclaré à ce propos El Alj qui fait notamment référence à l'annonce du roi, lors de son dernier discours du trône, sur la mise en place d'un «plan ambitieux de relance économique pour permettre aux secteurs de production de se remettre d'aplomb, d'accroître leur capacité à créer des emplois et à préserver les sources de revenu». La CGEM est convaincue que la nouvelle stratégie de gestion des établissements et entreprises publics (EEP), l'orientation royale vers les Partenariats Public-Privé (PPP) ainsi que le Fonds d'investissement stratégique annoncés à la même occasion joueront un rôle déterminant dans cette relance. S'arrêtant sur le plan de relance sectoriel, le patron de la CGEM a noté avec regret qu'à ce jour, «seul le secteur du tourisme a eu son plan de relance, alors que plusieurs secteurs sont en grande difficulté notamment le textile, la restauration, l'événementiel, l'enseignement privé, le commerce, etc». Les recommandations économiques Mise en place rapide des Instructions Royales (fonds, AMO, etc.) mobilisation d'une équipe à haut niveau pour accélérer la réforme. Ouverture des frontières et alignement avec les pays de notre zone – le virus est aujourd'hui présent chez nous dans des proportions comparables à celles de nos principaux pays partenaires (France, Espagne …). Clarification et communication des normes sanitaires à respecter et audits fréquents et normés/standardisés par les pouvoirs publics. Accélération des réponses sectorielles (au-delà du tourisme) et mesures d'appui pour tous les secteurs clairement en souffrance. Choc de demande nationale : Marchés publics et réduction de la TVA à considérer sérieusement devant une déflation qui semble se confirmer (baisse des prix des denrées alimentaires, de l'immobilier, etc.). Mise en place d'une Indemnité Perte d'Emploi pendant 6 mois pour les chômeurs issus de la crise, au-delà des procédures négociées. Clarification et communication des normes sanitaires à respecter et audits fréquents et normés/standardisés par les pouvoirs publics. Les recommandations sanitaires Levée des contraintes de déplacement y compris à l'international, mais annulation des événements à rassemblement important. Liste clairement établie et définie régionalement. Port du masque obligatoire en public y compris dans les entreprises, contrôle efficace et contraventions effectives lorsque ce n'est pas respecté. Isolement en résidence pour les cas asymptomatiques et sanctions en cas de non respect. Adaptation de la politique de test : plus accessible (incluant les laboratoires privés), utilisation également des tests sérologiques – obligation de test dès apparition de symptômes – une proposition de politique de tests pourrait être proposée dans un autre document si cela est utile. Augmentation de la capacité de traitement des malades, mobilisation de cliniques et personnels privés sous supervision exceptionnelle de l'hôpital public. Mise à disposition des traitements dans les officines privées et distribution élargie sur la base de présentation des résultats de tests. Aziz Diouf / Les Inspirations Eco