«Certains pays comme les Emirats Arabes Unis, Sultanat d'Oman et le Maroc ont vu leurs performances s'améliorer, depuis dix ans, contrairement à d'autres où l'indice a affiché une stagnation comme la Jordanie, le Koweït ou la Tunisie». Face à l'impact négatif de la pandémie de Covid-19, le dernier rapport publié par la Banque mondiale montre que certains pays comme les Emirats arabes unis, Sultanat d'Oman et le Maroc ont vu leurs performances s'améliorer depuis dix ans, contrairement à d'autres où l'indice a affiché une stagnation comme la Jordanie, le Koweït ou la Tunisie. D'une manière générale et à niveaux de revenus identiques, les pays MENA enregistrent, toutefois, des scores moins bons sur le plan du capital humain que les pays d'autres régions. L'instance financière internationale s'engage, par ailleurs, à soutenir les efforts dans le sens de l'amélioration de cet indice qui risque de s'effriter davantage en raison des crises actuelles. Les détails. Le Groupe de la Banque mondiale vient de rendre public, à Washington, le rapport relatif à l'indice du capital humain. Ledit document fait état qu'«un enfant né aujourd'hui dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) n'atteindra à l'âge adulte que 57% des capacités productives qu'il ou elle aurait pu accumuler en ayant bénéficié d'une éducation complète et d'une parfaite santé». Pour rappel, l'indice 2020 calcule le niveau prévisionnel de productivité des futurs travailleurs et propose un instantané des performances sur le plan du capital humain juste avant le déclenchement de la pandémie du coronavirus (Covid-19). Une référence est ainsi établie pour suivre l'évolution du capital humain. Elle apportera des éléments concrets pour la mise en place des politiques de protection des populations et d'investissement pendant la pandémie et après. Le rapport révèle que «les performances des pays MENA en termes de capital humain sont très disparates et fonction du niveau de revenu et de l'exposition à la fragilité et au conflit. Les Etats les plus riches du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) affichent des valeurs supérieures (indice HCI situé entre 0,56 et 0,57), distançant les pays en situation de conflit, comme le Yémen (0,37) et l'Irak (0,41)». Certains pays comme les Emirats arabes unis, Sultanat d'Oman et le Maroc ont vu leurs performances s'améliorer, depuis dix ans, contrairement à d'autres où l'indice a affiché une stagnation. C'est le cas de la Jordanie, le Koweït ou la Tunisie. D'une manière générale et à niveaux de revenus identiques, les pays MENA enregistrent des scores moins bons sur le plan du capital humain que les pays d'autres régions. Et c'est bien à ce titre que Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, affirme que «les pays MENA doivent se mobiliser davantage pour améliorer l'efficacité des investissements dans leurs populations car la pandémie risque d'anéantir les fragiles progrès du développement humain. En plus d'aider tous ceux qui en ont besoin, pendant et après la pandémie, nous nous engageons à accompagner les pays MENA pour qu'ils puissent récupérer ces gains durement acquis, les consolider et les étendre». Les promesses sont claires. Les enjeux énormes. Selon, en effet, les résultats du rapport, «l'utilisation du capital humain existant reste problématique dans la région MENA, les pays ne parvenant pas à traduire les compétences et le potentiel productif de pans entiers de leur population en croissance économique». Les chiffres parlent d'eux-mêmes. «La valeur moyenne du HCI pour la région MENA baisse de plus d'un tiers (de 0,57 à 0,32) lorsque l'indice prend en compte la part de la population d'âge actif effectivement employée». Cette tendance s'explique, en large partie, par le faible taux de participation des femmes à la population active, en particulier, parmi les diplômées de l'enseignement supérieur. Les pays MENA affichent le plus grand écart de taux d'utilisation hommes/femmes. La sous-utilisation du capital humain s'explique, également, par le fort taux de chômage des jeunes dans les pays de cette région. La question du genre est pointée du doigt. Selon, en effet, les données du rapport, «l'indice de capital humain pour les hommes (0,55) est plus faible que pour les femmes (0,59) au niveau régional et dans la plupart des pays MENA». C'est un fait : les garçons ont de moins bons résultats scolaires que les filles. Les filles accomplissant plus de la moitié d'une année supplémentaire de scolarité ajustée en fonction de l'apprentissage par rapport aux garçons (8,0 contre 7,4). Keiko Miwa, directrice régionale pour le développement humain à la Banque mondiale, a tenu à préciser de son côté que «malgré les progrès obtenus depuis dix ans, les résultats de l'indice de capital humain 2020 montrent que les pays MENA ont encore beaucoup à faire pour améliorer leur niveau de capital humain, son utilisation et l'égalité entre les sexes. La pandémie crée des risques mais elle pourrait aussi être l'occasion de reconstruire en mieux le capital humain des pays MENA (...)». Bref, l'indice de capital humain mesure et compare les principales composantes du capital humain à l'échelle de la planète. Un capital humain plus élevé est lié à des revenus supérieurs, pour les individus comme pour les pays, et permet une plus forte cohésion sociale. En clair, il représente un levier essentiel pour installer une croissance durable et réduire la pauvreté. La mise à jour de cet indicateur 2020 intègre les toutes dernières données disponibles pour 174 pays, soit 17 pays de plus que dans l'édition 2018. Elle a pu être effectuée, sur la base de données nouvelles sur l'Indice, disponibles en mars 2020. Malgré la performance en la matière enregistrée cette décennie, le Maroc pèche encore à ce niveau. Il devra orienter ses actions pour valoriser le capital humain et placer la barre plus haut, pour favoriser la cohésion sociale. L'exercice n'est pas simple d'autant plus que la pandémie a chamboulé tous les plans de développement. Ceci dit, son amélioration permettra d'asseoir d'une manière cohérente les projets structurants lancés à travers le pays. L'ascenseur social devra être rétabli.