Accusé par une jeune fille d'avoir pratiqué sur elle une interruption de grossesse non réussie, un médecin généraliste de Casablanca a été arrêté et traduit devant la justice. Il en a été de même de la fille et son amant français. Casablanca. Les douleurs semblaient la déchirer de l'intérieur. Elle souffrait, criait, implorait du secours, s'accrochait à lui, le suppliant de lui venir en aide. Elle ne supportait plus ce calvaire qui lui a fait perdre le sommeil. Il lui a demandé de patienter quelques minutes encore, juste le temps de conduire la voiture près de l'immeuble où ils habitent. Elle se sentait au bord du gouffre. La mort ne lui semblait pas loin. Une fois qu'il a garé la voiture près de l'immeuble, il est monté à l'appartement pour l'aider à descendre. À pas lents, il l'a soutenue jusqu'à la voiture pour l'aider à y monter. Après quoi, il a démarré à destination du boulevard Ghandi. Il ne s'est arrêté qu'une fois devant une clinique de la place. Ils y sont entrés et ont été accueillis par des médecins. De quoi souffrait-t-elle ? Qui est cet homme qui l'accompagnait? S'agit-il de son père, de son mari, ou d'un proche ? Ces questions semblaient secondaires, car l'état de la fille semblait assez grave et elle devait être opérée d'urgence. Mais l'identité de la personne est devenue importante car on devait l'aviser de ce qui devait être entrepris. Quand le médecin la lui a demandée, il a répondu : «Je suis D.J., de nationalité française». S'agissait-il du père, du mari, d'un proche de la fille ? «Je suis son ami», a-t-il répondu. Surprise, la direction de la clinique s'est retrouvée dans l'obligation d'alerter la police. L'état de santé de la fille était critique. Le gynécologue qui l'a examinée les a informés qu'elle avait été soumise à une tentative d'avortement. Quand elle est arrivée à la clinique, le fœtus était en dehors de l'utérus, alors que le cordon ombilical, le placenta et la poche des eaux retsaient à l'intérieur. Les éléments de la police du premier arrondissement à Casablanca-Anfa qui assuraient la permanence se sont dépêchés sur les lieux. Le gynécologue avait déjà effectué un curetage à la fille qui était dans un état lamentable. Ils ont ouvert une enquête pour savoir de quoi il s'agissait : avortement illégal ou fausse couche?. Le gynécologue leur a demandé de ne parler à la patiente que le lendemain. Mais ils ne devaient pas perdre de temps. Ils devaient au moins assembler quelques éléments qui les aideraient à aboutir à une conclusion convenable. Après avoir noté les déclarations du médecin qui a examiné la fille, les policiers se sont adressés à la personne qui était en sa compagnie depuis le début et qui l'attendait encore. Ce Français de 61 ans leur a affirmé avoir rencontré la fille plus d'une année auparavant. Puisqu'il séjournait au Maroc après s'être séparé de sa femme française qui est resté en France, il a décidé d'entretenir une relation avec elle. Depuis, ils ne séparaient plus surtout qu'il avait loué un appartement au centre ville. Il a ajouté qu'elle est tombée dernièrement enceinte et lui a demandé de l'aider à avorter. Sans lui poser de questions, il lui a versé une somme 7 mille dirhams. Elle est partie pour retourner lui dire qu'elle avait fait une interruption volontaire de grossesse. Seulement, elle a commencé à sentir des douleurs quelques moments plus tard. Les policiers qui sont retournés à leurs bureaux ont rejoint le lendemain la fille pour approfondir leur enquête. Mériem, âgée de 21 ans, issue d'une famille pauvre, a avoué avoir une liaison avec le Français. Une relation qui a donné son fruit : début de grossesse. Seulement, ils ne désiraient pas avoir d'enfants. Raison pour laquelle, ils se ont mis d'accord sur l'avortement. Elle a avoué qu'il lui avait versé les 7 mille dirhams. Effectivement, elle s'est adressée à un médecin généraliste ayant un cabinet au quartier Lissasfa. Celui-ci a empoché les billets de 200 dirhams et l'a soumise à un examen avant de lui donner un comprimé qu'elle a avalé avec quelques gorgées d'eau. En retournant chez son concubin, elle est tombée malade et a commencé à ressentir des douleurs aiguës au point qu'un liquide a coulé de sa partie intime et que la tête du fœtus était visible après la lacération de la poche des eaux. Les éléments de la 11ème section judiciaire de la police urbaine de Casablanca-Anfa ont rendu visite au médecin en cause dans son cabinet. Soumis aux interrogatoires, il a nié toutes les accusations retenues contre lui. Il a expliqué à la police avoir effectivement accueilli chez lui la femme qui était devant lui. Il a précisé qu'elle était atteinte d'une grippe. Après lui avoir prescrit des médicaments, elle lui a demandé de l'aider à avorter. Mais il a refusé son offre. Qui l'a donc fait avorter ? Mériem continue à le pointer du doigt.