Le premier réacteur nucléaire civil marocain sera opérationnel à la fin de l'année, conformément au calendrier retenu, rapporte jeudi le quotidien de Casablanca "L'Economiste". Ce réacteur, d'une puissance de deux mégawatts, est construit par la société américaine General Atomics, dans le cadre d'un accord technologique de coopération nucléaire conclu en 1980 entre le Maroc et les Etats-Unis. En cours de réalisation dans la forêt de la Maâmora à 20km au nord de la capitale Rabat, ce réacteur de type Triga Mark II, sera utilisé à des fins scientifiques (imagerie médicale, environnement, géologie). "L'accomplissement de ce réacteur pour des applications de recherche et de formation fournira une base solide pour l'entrée du Maroc dans la technologie nucléaire", précise l'ambassade des Etats-Unis dans un communiqué. Le Maroc est l'un des 24 pays à avoir conclu une telle coopération nucléaire civile avec Washington. "Le Maroc a fait le pari d'utiliser la technologie nucléaire" confirme Khalid Mediouri, directeur général du Centre national des sciences et techniques nucléaires (CNESTEN). Dans un entretien publié par "L'Economiste", M. Mediouri évoque également la possibilité d'un programme électronucléaire civil au Maroc. "L'une de nos principales missions est de préparer le terrain à l'avènement d'une décision politique qui soit favorable à l'utilisation de l'énergie nucléaire", explique le directeur du CNESTEN, qui estime que "le Maroc est acculé à emprunter la voie du nucléaire vu le coût de plus en plus exorbitant du pétrole". La facture pétrolière du royaume, qui ne produit quasiment pas d'hydrocarbures, a augmenté de 51% au premier trimestre 2005. Cette hausse n'a pas encore été répercutée à la pompe grâce à l'existence d'une caisse publique de compensation. La France, autre allié traditionnel du Maroc, soutient également les projets nucléaires du royaume. Lors d'une conférence en janvier, l'ambassadeur de France au Maroc, Philippe Faure, avait estimé que la voie de l'énergie nucléaire était "insuffisamment explorée". "Le centre d'études nucléaires de la Maâmora constituerait un solide réservoir d'expertise pour garantir la sécurité d'un éventuel réacteur de puissance", avait souligné le diplomate. Des entreprises françaises (SPIE Batignolles notamment) sont associées au chantier de la Maâmora, doté d'un budget de 80 millions d'euros. Membre de l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA) depuis 1957 et signataire du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le Maroc s'est par ailleurs déclaré "inquiet" en janvier dernier du développement du programme nucléaire de l'Algérie voisine. "Le programme nucléaire algérien, même civil, peut susciter l'inquiétude de certains pour la stabilité régionale", avait affirmé, sous couvert d'anonymat, à l'agence Associated Press (AP) un haut responsable marocain alors que l'Algérie est pressée par Washington d'ouvrir davantage ses deux réacteurs nucléaires aux inspections internationales.