La secrétaire d'état espagnole chargée de l'Immigration, Mme Consuelo Rumi a indiqué samedi que les centaines de milliers d'étrangers qui n'auront pas bénéficié du processus exceptionnel de régularisation des "sans-papiers", devront quitter l'Espagne volontairement ou seront, finalement expulsés du territoire. Le nombre de dossiers déposés par les candidats à la régularisation a atteint vendredi à minuit un total de 632.394. Le ministre du travail, M. Jesus Caldera a parlé "d'un maximum de 800.000 immigrants susceptibles d'être régularisés, c'est-à-dire qu'il en resterait environ 100.000, c'est très peu". Selon des sources associatives, le nombre est plus élevé et atteindrait, rien que pour la région de Barcelone, quelque 250.000 personnes. En attendant la clôture officielle du processus, fixée à samedi à 21 heures, des files énormes grossissaient samedi devant les bureaux de la Sécurité Sociale, notamment à Madrid et Barcelone, pour une ultime tentative de déposer les dossiers de régularisation. Passé ce délai, les candidats ayant reçu une réponse négative et qui constituent un groupe "parfaitement identifié", selon les termes de Mme Rumi, ainsi que ceux qui n'ont pas pu réunir les documents nécessaires pour le dépôt de dossier, doivent quitter volontairement l'Espagne. Dans des interviews aux médias espagnols, Mme Rumi a été claire: "les immigrants dont la situation ne pourra pas être régularisée devront abandonner l'Espagne. Nous le leur recommandons afin d'éviter qu'ils soient écartés de futurs contingents". "La réglementation offre d'autres alternatives qui entreront en vigueur à partir de la semaine prochaine. Il existe des aides au retour dans leur pays, des micro-crédits octroyés par des établissements financiers pour qu'ils puissent monter une affaire dans leur pays d'origine", a-t-elle ajouté. "En dernier lieu, la loi sur les étrangers s'appliquera", a-t-elle averti dans une allusion claire à l'ouverture de procédures d'expulsion qui interdisent aux étrangers d'entrer en Espagne pendant une période pouvant aller jusqu'à dix ans. Les derniers chiffres disponibles de cette opération exceptionnelle de régularisation montrent que les Marocains (12,22 pc) forment le troisième contingent des demandeurs de papiers après les Equatoriens et les Roumains. Au 4 mai, 58.301 marocains avaient pu déposer un dossier, alors que le nombre de Marocains clandestins susceptibles de bénéficier de cette opération approcherait les 100.000, selon des sources associatives. Ce processus de régularisation des travailleurs étrangers en Espagne a fait l'objet de vives critiques des partenaires européens de l'Espagne, de partis d'opposition et de plusieurs associations de défense des immigrés. Un collectif d'associations a qualifié ainsi ce processus exceptionnel d'"échec et d'occasion ratée" par le gouvernement socialiste. "On ne peut pas dire que la régularisation va résoudre le problème de l'économie souterraine, parce qu'en premier lieu, plus de la moitié des +sans-papiers+ ne peut pas avoir des contrats (de travail) et en second lieu parce que les Espagnols travaillent aussi dans l'économie souterraine et non pas seulement les immigrés", a souligné ce collectif.