Le flux des produits chinois sur le marché marocain se fait de manière légale et selon des procédures précises et sont soumis à des taxes douanières, qui s'élèvent à 80,25%, a affirmé mardi le ministre du commerce extérieur, M. Mustapha Mechahouri. Les importations marocaines de produits chinois de textile-habillement ont totalisé, durant l'année dernière, quelque 922 millions de dh, soit une hausse de près de 30%, en comparaison avec l'année 2003, contre une valeur de 138 millions de dh environ pour les chaussures (+ 52%), a indiqué le ministre en réponse à deux questions d'actualité à la Chambre des conseillers. Il a rappelé qu'un accord a été conclu avec les responsables chinois, lors de sa visite à Pékin en juillet dernier, pour réduire l'écart de la balance commerciale entre les deux pays, précisant que la Chine avait alors exprimé sa disposition d'importer davantage de produits marocains, dont le phosphate et le poisson. Il a ajouté que la visite, mi-mai courant à Rabat, du vice-ministre chinois chargé du commerce constitue une occasion propice pour réaffirmer les termes de cet accord et examiner les problématiques nées de la suppression du système des quotas dans le secteur textile. M. Mechahouri a signalé que la déferlante des produits chinois ne concerne pas uniquement le Maroc, mais elle intéresse de nombreux autres pays, dont l'Union européenne. Il a indiqué que ce sujet a été évoqué lors de plusieurs réunions sous la présidence du Premier ministre avec les représentants des secteurs productifs, dont la dernière en date a eu lieu, la semaine dernière, avec l'association marocaine des industries du textile-habillement (AMITH) et la confédération générale des entreprises du Maroc pour examiner la possibilité de prendre des mesures protectionnistes, si nécessaire. Cette affaire fait également l'objet de coordination entre les pays arabes et méditerranéens, notamment la Tunisie, et des pays de l'UE, la France en particulier, pour la mise en place d'un plan d'action conjoint et la constitution d'un pôle euro-méditerranéen, a-t-il ajouté. Sur la possibilité d'appliquer des mesures anti-dumping conformément aux dispositions de l'OMC, il a assuré que la loi 13/89 relative au commerce extérieur permet le recours à des mesures protectionnistes, y compris celles de l'anti-dumping. Dans la même veine, le ministre de l'industrie, du commerce et de la mise à niveau de l'économie, M. Salaheddine Mezouar, a fait état de la signature d'un contrat-programme entre le gouvernement et l'AMITH destiné à immuniser l'entreprise marocaine contre tous types de concurrence, y compris celle en provenance de la Chine. En réponse à une question d'actualité sur la protection de l'entreprise marocaine contre la concurrence chinoise, il a expliqué que ce contrat comporte une série de mesures destinées à réduire le coût de production et à améliorer la productivité, en plus de la création d'un fonds spécial pour la mise à niveau des entreprises du textile-habillement. Il a aussi indiqué que l'AMITH a élaboré, sous l'égide du ministère, une étude globale du secteur, qui a servi de base pour une nouvelle stratégie destinée à soutenir l'intégration du secteur à travers la promotion des investissements orientés vers le développement des industries de textiles et de filature, permettant ainsi d'augmenter la valeur ajoutée du secteur. Faisant valoir les potentialités d'exportation dont dispose le Maroc à la faveur des accords de libre-échange, le ministre a souligné l'importance du cadre incitatif que le pays propose aux investisseurs, arguant que ce cadre constitue une solution fort appropriée pour les entreprises européennes souffrant de la pression de la concurrence asiatique, qui s'est aggravée avec la fin des accords multifibres. Il a ajouté que le comité ministériel chargé de ce sujet a tenu une série de réunions destinées à élaborer un plan de dynamisation du secteur en le dotant de mécanismes capables de l'immuniser contre la concurrence étrangère. Parmi les mesures prévues à cet effet, le ministre a évoqué les facilités douanières, l'assistance des professionnels pour plus d'efficience et la promotion des potentialités d'investissement et du produit national sur huit marchés, en l'occurrence les Etats-Unis, l'Espagne, le Portugal, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, le Benelux, la France et Dubaï.