Lors d'une réunion avec les différentes fédérations de la CGEM, le Premier ministre a tenu un langage de vérité aux représentants des secteurs d'activité qui ont pris l'habitude de compter sur l'aide du gouvernement. Jeudi 28 avril dans l'après-midi au siège de la Primature, la tension était palpable. Autour de la table du Premier ministre étaient réunis les membres du bureau de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et plusieurs ministres. Une réunion qui a duré plus de quatre heures. A l'ordre du jour, un tour d'horizon des secteurs d'activité de l'économie nationale. Chaque fédération a eu droit à la parole. L'état des lieux de chaque secteur, ses réalisations, ses problèmes et les attentes de ses professionnels ont été longuement exposés. Mais lors de cette réunion, il n'a pas été beaucoup question d'acquis et de réalisations socio-économiques. Les plaintes et doléances des différents professionnels ont pris vite le dessus transformant une réunion initialement prévue pour un bilan d'étape en une série de complaintes avec une quasi-unanimité pour de nombreuses fédérations : baisse des charges sociales, baisse du SMIG et autres mesures protectionnistes en vue de contrecarrer les produits étrangers qui inondent le marché marocain en cette ère de multiplication des accords de libre-échange. «Chacun a exposé les difficultés dont souffre son secteur et tous ont demandé au Premier ministre de voler à leur secours», confie un participant à cette réunion. Les plus grandes fédérations ont attaqués bille en tête. La Fédération de l'énergie, la FENELEC (Fédération nationale de l'électricité et de l'électronique), la SMEX, l'AMITH, la FINAGRI et la FISA entre autres, ont directement interpellé Driss Jettou pour «sauver leurs secteurs». Seules trois fédérations, celles du bâtiment, du tourisme et des PME-PMI ont observé un certain satisfecit quant aux réalisations accomplies dans leurs domaines respectifs. Du coup, M. Jettou n'a pas pu cacher son exaspération. Il était visiblement très mal à l'aise à entendre tout ce beau monde demander l'intervention de l'Etat. En des termes très diplomatiques mais très fermes, il a invité les différents professionnels à «balayer devant leurs portes» avant de solliciter l'aide des pouvoirs publics, précisant que ces derniers ne peuvent pas tout faire sans l'aide d'abord des acteurs économiques privés. Le Premier ministre a demandé à chacune des fédérations de faire un effort pour améliorer la compétivité de leurs secteurs. Il a également appelé chaque secteur d'activité à mettre au point un plan de travail précis et bien tracé dans le temps pour une meilleure visibilité et programmation des actions à entreprendre. À cet effet, Driss Jettou a annoncé dans les jours qui viennent de nouvelles mesures pour la mise à niveau de l'économie nationale. Des mesures qui concerneraient les secteurs d'activité les plus fragiles. Une fois ce tour de table des patrons effectué, Driss Jettou a donné la parole à ses ministres qui ont essayé de répondre aux problématiques posées par le patronat. Tous les ministres concernés ont annoncé la tenue prochaine de réunions avec les professionnels pour discuter des problèmes dont souffre chaque activité économique et des moyens pour envisager un avenir meilleur. Les tout nouveaux statuts dont le patronat marocain s'est doté le 19 avril dernier étaient également au programme. La CGEM a ainsi présenté les nouveautés devant un aréopage ministériel très attentif composé notamment de Karim Ghellab, ministre de l'Equipement et des Transports, Adil Douiri, ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Economie sociale, Mustapha Mansouri, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Salaheddine Mezouar, ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l'économie, Mustapha Mechahouri, ministre du Commerce extérieur et Taoufik Hejira, ministre délégué chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme. L'étude McKenzie portant sur le repositionnement stratégique de l'industrie marocaine a également été évoquée lors de cette réunion. Les membres du bureau de la CGEM ont demandé au Premier ministre de rendre publiques les conclusions de cette étude pour permettre à tous les secteurs d'activité de préparer l'avenir. Les universités et les centres de formation professionnels pourraient anticiper et répondre aux besoins futurs en la matière. Autre point évoqué, le passage à l'horaire d'été, à l'instar de différents pays européens et tout récemment la Tunisie. Le but est de réaliser de grandes économies d'énergie en ces temps de surchauffe pétrolières avec un baril de pétrole qui a atteint des records.