En plein cœur du quartier Benjdia, à Casablanca, l'Organisation alaouite pour la protection des aveugles au Maroc (OAPAM) accueille près de 191 élèves. Visite chez des étudiants qui ne ménagent aucun effort pour sortir de l'obscurité. Créée en 1967, l'Organisation Alaouite pour la protection des aveugles au Maroc (OAPAM) est le seul établissement à Casablanca s'occupant des aveugles et des mal-voyants. En plein quartier Benjdia, l'OAPAM est plus qu'un établissement scolaire, c'est aussi un lieu où ces enfants-là apprennent à vivre avec leur handicap et ne pas baisser les bras à l'adversité. Une manière comme une autre de se réconforter et d'affronter la vie. La ferme volonté de faire chuter les barrières et autres obstacles de Mabrouk Rezki, un étudiant à l'OAPAM, en est l'une des preuves. Ce jeune étudiant de 25 ans, préparant son baccalauréat pour cette année, avait perdu la vue à l'âge de l'adolescence. En intégrant l'OAPAM, Mabrouk Rezki a appris à vivre dans l'obscurité. «Ma vie a basculé à cause d'un accident. Je suis resté, durant quelques années, cloîtré chez moi. Lorsque j'ai appris l'existence de l'OAPAM, je n'ai pas hésité une seconde à intégrer ce centre», note Mabrouk Rezki. Et d'ajouter : «Je n'ai ménagé aucun effort pour apprendre le braille, mais j'ai toujours du mal à déchiffrer les lettres et les chiffres». Et pour combler cette lacune, ce jeune homme s'est découvert une passion enfouie dans son for intérieur : la sculpture. Un talent qu'il veut bien aiguiser en intégrant une école des beaux-arts. « J'ai eu récemment la chance d'attirer l'intérêt du Roi Mohammed VI envers mes sculptures », dit-il avec fierté. Younès Idrissi, son collègue à l'OAPAM, fait preuve aussi de cette détermination de devenir un vrai acteur dans la vie sociale. Occupant le poste de responsable des activités sportives au sien de l'OAPAM, Younès Idrissi se prépare actuellement pour les fêtes de la fin d'année scolaire. Au menu, on y trouve la première course sur route pour les aveugles, une compétition de Goal Ball et une autre pour le mini-foot. «Pour cette dernière activité, il s'agit en fait d'une première au Maroc. Nous allons organiser précisément un match de foot opposant des élèves de l'OAPAM à l'équipe de Raja et celle du Wydad », annonce fièrement Younès Idrissi. Une autre nouveauté et non des moindres, c'est la formation de la première équipe au Maroc de l'aïkido pour les aveugles et les malvoyants. Il est à noter que l'enseignement au sien de l'Organisation alaouite pour la protection des aveugles au Maroc est conforme aux programmes du ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse. Pour les livres scolaires, l'OAPAM de Casablanca assure pour l'ensemble des élèves des livres en braille. «Pour cette année, le ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse a changé plusieurs livres. Avec l'OAPAM de Rabat, nous continuions jusqu'à aujourd'hui à imprimer et pour nous et pour les 11 autres établissements que compte le royaume», précise Ahmed Rabit, le délégué régional à Casablanca de l'OAPAM. En fait, l'impression de ce genre de livres est coûteuse. «Seuls les centres de Rabat et de Casablanca sont équipés en matériel d'impression en braille, fait savoir Ahmed Rabit. Le papier que nous utilisions est marque suédoise. Le papier normal s'use avec le temps». L'OAPAM dispose également d'une bibliothèque sonore chapeautée par Mabrouk Rezki qui veille à sa «mise à jour» et de la classification des cassettes-audio. Dans le petit studio d'enregistrement de cet établissement, Mabrouk Rezki a installé quelques-unes de ses sculptures. Déterminé, il croit, dur comme fer, qu'un jour il organisera sa propre exposition.