"Des milieux qui ont intérêt à persister sur la voie de la prévarication" menacent l'intégrité physique des élus du PJD et celle de leurs familles. Le secrétariat général du PJD a rendu public, le 26 avril dernier, un communiqué dans lequel il affirme que certains de ses conseillers communaux font l'objet de sérieuses menaces contre leur intégrité physique et celle de leur famille. Dans ce communiqué, le PJD accuse "les milieux qui ont intérêt à persister sur la voie de la prévarication dans la gestion locale". C'est ainsi que le parti de Saâd Eddine El Othmani cite le cas de Abdelilah El Ammari, conseiller à la commune Bouârous dans la province de Taounate. Cet élu Pjidiste a été victime d'une tentative d'assassinat, le jeudi 21 avril 2005. Un autre conseiller du PJD, Ahmed Fayez, élu de la commune Ouled Tayma (Taroudant) a eu droit au même traitement. Il a reçu une lettre anonyme par voie postale, dans laquelle le corbeau menace de s'en prendre à l'une de ses filles. En plus de ces deux personnes, le secrétariat du PJD parle de menaces identiques qui planent sur certains de ses élus, notamment à Aïn Taoujtate (Meknès) et Guerssif, à l'est du pays. Contacté par ALM, l'élu de Ouled Tayma, Ahmed Fayez, a affirmé qu'il a reçu la lettre de menace le 2 avril par voie postale, dans une enveloppe envoyée en son nom au siège de la commune. Après avoir consulté un avocat, Ahmed Fayez s'est dirigé vers le tribunal de première instance de Taroudant, où il a été reçu, le 4 avril, par le procureur du Roi. Ce dernier a immédiatement déclenché une enquête à ce sujet. Ahmed Fayez a été interrogé au sujet du contenu de la menace par des éléments de la police dépendant de la wilaya d'Agadir. Dans cette fameuse lettre anonyme, le corbeau reproche à Ahmed Fayez son excès de zèle. Il cite le club de Chabab Haouara. En effet, Ahmed Fayez est un ancien joueur de foot, ancien dirigeant de Chabab Haouara (de 1989 à 1998) et membre actuel du club. En cette qualité, il a été désigné par le conseil de "mettre de l'ordre" dans le club avant le déblocage de la subvention communale qui atteint, annuellement, les 500.000 DH. Aussi, le corbeau, auteur de la lettre anonyme, a également soulevé le rôle d'Ahmed Fayez dans la gestion communale. Ce cinquième vice-président du conseil et responsable du dépôt communal reconnaît qu'il "ne cesse de taper dans la fourmilière". Et d'ajouter: "je ne pense pas que les personnes qui menacent de s'en prendre à mes enfants vont effectivement passer à l'acte. Je pense plutôt qu'ils souhaitent freiner mes ardeurs". En tout cas, ce professeur de mathématique dans le collège d'Ouled Tayma, affirme: "l'enquête suit son cours, je ne veux accuser personne. En attendant, je travaillerai en mon âme et conscience". L'affaire de Taounate est encore plus grave. Abdelilah El Ammari a fait l'objet, la semaine dernière, d'une tentative d'assassinat dans son domicile à Fès. Un criminel notoire lui a avoué, au moment où il venait commettre son forfait, que le président de la commune de Bouârous, Hamid Lachkhem, l'a payé pour mettre fin à sa vie. En effet, "Hamid Lachkhem, élu du RNI, est lui-aussi réputé pour son usage de la violence contre tous ses adversaires politiques", affirme El Ammari qui est également chercheur au Centre des recherches africaines. Hamid Lachkhem est également poursuivi en justice par El Ammari pour falsification. Une plainte qui a coûté un an de prison ferme à Lachkhem qui a fait appel; il est toujours en liberté. El Ammari, tout en assurant que cet individu sème la terreur auprès des citoyens et même des autorités, espère que la Justice fera preuve de fermeté à son égard. Surtout que Lachkhem a déjà "commandé" l'assassinat d'une autre personne, sans s'inquiéter le moins du monde. La balle est donc dans le camp de la Justice.