Un scénario, même «restreint», aboutirait à 18.720 cas cumulés et 748 décès en 100 jours D'un point de vue épidémiologique, tant qu'il n'y a pas un vaccin ou une immunité communautaire acquise, le SARS-COV2 continuera à se propager avec un risque de rebond. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a publié le samedi 16 mai une étude inédite intitulée "Pandémie Covid-19 dans le contexte national: Situation et scénarios. Dans cette étude, il expose les différents scénarios de déconfinement et leurs impacts sanitaires au Maroc. Avant de présenter en détail les différents scénarios, le HCP précise que la propagation d'une pandémie dépend selon le modèle SIR du nombre initial des infectés actifs et du nombre de reproduction (R0). Ce nombre R0 comporte 3 paramètres (le nombre moyen C de contacts d'un individu, la probabilité P d'être infecté au moment d'un contact, durée J pendant laquelle un individu est contagieux. L'étude se base sur des données démographiques, socio-économiques et sanitaires de la population (projections de la population 2020 et de l'Enquête nationale sur l'emploi 2019 du HCP, et de l'Enquête nationale sur la population et la santé familiale 2018 du ministère de la santé) ainsi que des données observées relatives à la pandémie par le ministère de la santé. Toutes ces données ont été couplées au modèle SIR. Ainsi, 5 scénarios ont été établis. Il s'agit de scenarii «de référence d'évolution naturelle», «tendanciel», «de déconfinement généralisé», «de déconfinement large» et «de déconfinement restreint». «Scénario de référence d'évolution naturelle» Le premier scénario suppose une évolution naturelle de la pandémie sans aucune barrière qui s'étend ainsi à la majorité de la population jusqu'à ce qu'une immunité collective éventuelle soit acquise. Ce scénario théorique permet de mesurer les acquis des autres scenarii. Il aboutirait à un pic de l'épidémie qui est atteint tôt avec un nombre très élevé de cas infectés induisant une forte pression sur le système sanitaire et un taux de létalité élevé. Ce scénario se traduirait à terme par une contamination d'environ 80% de la population. Scénario tendanciel Le deuxième scénario tendanciel prolonge la situation actuelle toutes choses étant égales par ailleurs, c'est-à-dire toutes mesures déjà prises étant maintenues. Le nombre de reproduction R0 pour ce cas de figure et ses paramètres sont estimés à partir des données réelles observées et sont présentés ci-contre. R0 étant de 0,76 ( 1) ceci signifie que la pandémie décroît et tend vers la disparition. La simulation de la poursuite du confinement grâce au modèle mathématique utilisé aurait abouti à un nombre total d'infectés cumulés à 7.800 cas vers le début de juillet et un nombre d'infectés cumulé actifs aux alentours de 3.200 cas et une tendance dégressive vers un chiffre faible à fin juillet. Cela dit, d'un point de vue épidémiologique, tant qu'il n'y a pas un vaccin ou une immunité communautaire acquise, le SARS-COV2 continuera à se propager avec un risque de rebond. Dès lors, «il est nécessaire d'envisager des scénarios de déconfinement à impact économique et social positif mais tout en contrôlant d'une part les risques de transmission et d'autre part la pression sur système de santé national», recommande le HCP. Scénario de déconfinement «généralisé» Ce troisième scénario envisage le déconfinement de l'ensemble de la population âgée de moins de 65 ans, non atteinte de maladie chronique (27,5 millions). Ce scénario déclenché suppose un nombre de 2.000 cas infectés actifs au moment du déconfinement. Une fois cette population déconfinée, le nombre de contacts par jour augmente d'une amplitude estimée via le modèle mis en place de +64%, ce qui situerait le R0 à 1,248 en supposant le maintien des mesures d'autoprotection. Une simulation sur cette base aboutirait à l'infection de 8% de la population en 100 jours. Le HCP estime que le système sanitaire serait submergé en 62 jours avec seulement un taux d'hospitalisation de 10% des cas actifs. Une variante de ce scénario sans application des mesures d'autoprotection aboutirait après 100 jours à un nombre d'infectés cumulés qui approcherait les 50% de la population. Le système sanitaire serait alors submergé en 28 jours avec seulement un taux d'hospitalisation de 10% des cas actifs. Scénario de déconfinement «large» Le quatrième scénario de déconfinement de la population active occupée âgée de moins de 65 ans et de la population âgée de moins de 15 ans, non atteinte de maladie chronique (16,7 millions), a pour objectif d'ouvrir l'économie avec en même temps un retour progressif des activités sociales. Il suppose également un nombre de 2.000 cas infectés actifs au moment du déconfinement. La simulation donnerait dans cette situation 31.663 cas confirmés positifs en 100 jours avec un pic de 3.200 cas infectés actifs. Ce qui se traduirait par un besoin maximal de 3.200 lits d'hospitalisation (100% d'hospitalisation), de 160 lits de réanimation (5% des infectés actifs) et aboutirait à 1.266 décès (4% des infectés cumulés). Scénario de déconfinement ‘'restreint'' Pour ce qui est du scénario «restreint», il suppose le déconfinement de la population engagée dans l'économie, représentée ici par la population active occupée âgée de moins de 65 ans non atteinte de maladie chronique (7,9 millions). Il a pour objectif d'ouvrir l'économie sans compromettre la population qui présente un risque élevé de développer des complications vis-à-vis de cette maladie. Ce scénario, qui prévoit 2.000 cas infectés actifs au moment du déconfinement, aboutirait à un niveau de 18.720 cas confirmés positifs cumulés en 100 jours avec un pic de 3.200 cas infectés actifs. Ce qui engendrerait un besoin maximal de 3.200 lits d'hospitalisation (100% d'hospitalisation des infectés actifs), et de 160 lits de réanimation (5% des infectés actifs) et arriverait à 748 décès (4% des infectés cumulés).