Entretien avec Rachid Bouamara, président délégué de la FNTT, affiliée à la CGEM ALM: Quel diagnostic faites-vous de la situation du transport touristique en ce temps de Covid-19? A Combien s'élèvent les pertes? Rachid Bouamara : La situation du transport touristique est intimement liée à celle du tourisme, qui a connu à partir du mois de janvier des annulations successives et un arrêt total depuis début mars 2020. Le transport touristique a été le premier secteur à être frappé brutalement par la crise avec un arrêt net et immédiat de toute l'activité d'autant plus que la crise s'annonce durable et sans perspectives de reprise dans le court et moyen termes. En conséquence, l'activité se trouve sinistrée et ce sont les moyennes et les très petites entreprises qui sont en difficulté maximale, et donc beaucoup d'emplois sont aujourd'hui menacés de disparaître. Les pertes en chiffre d'affaires sont au-delà de toute estimation dans la mesure où il y a un arrêt total de l'activité. La faiblesse et la sous-capitalisation des entreprises se sont profondément aggravées par la pandémie du Covid-19 et ont induit une série de défaillances dont une trésorerie déficitaire et une incapacité de faire face à des dépenses urgentes sans parler des lourdes redevances fiscales à honorer, des remboursements de crédits et de la masse salariale à laquelle il faut faire face. Il convient de préciser qu'en se basant sur les données actualisées de la dernière note de conjoncture du Haut-Commissariat au Plan (HCP), la valeur ajoutée du transport aurait été impactée par la pandémie du Covid-19 avec une perte de 0,7 point en termes de croissance durant le premier trimestre 2020. Ce chiffre ne sera qu'un effet d'annonce pour la suite. Quelle vision avez-vous du post-Covid et quelles sont les principales urgences ? Pour la vision post-Covid, il est évident qu'on est dans l'expectative. La reprise dépend d'une évolution que personne ne peut se risquer de prédire. Cependant, si l'épidémie est contenue, à peu près 65% des acteurs pensent que la reprise prendrait entre 12 et 24 mois. Le transport touristique compte 1.450 d'entreprises et emploie 9.425 personnes. Pour préserver cette dynamique le secteur a besoin d'urgence d'un plan de sauvetage de ces entités qui risquent la banqueroute entraînant des conséquences sociales dramatiques, notamment en termes d'emplois. Les professionnels du secteur appellent à mettre en place un contrat-progrès. Dans quelle perspective s'inscrit cette recommandation et quelles seraient ses retombées? La FNTT a appelé à la mise en place d'un véritable contrat-progrès 2020-2025 pour asseoir un processus de travail durable à court et moyen termes. Elle a proposé à cet effet la mise en place d'une Commission technique multipartite, laquelle sera chargée de la concertation par rapport à la conception et l'opérationnalisation des actions à entreprendre en ce contexte singulier. Il s'agit notamment d'une série de mesures d'ordre juridique concernant des modifications d'ordre technique et procédural à apporter au cahier des charges réglementant l'activité, mais également des mesures d'ordre fiscal et bancaire. L'objet étant de consolider les bases du secteur pour lui donner les moyens de se développer et se reprendre de cette crise catastrophique. Où en êtes-vous en termes de concertation avec la tutelle pour assurer un bon redémarrage de votre écosystème ? Les transporteurs touristiques ont tiré la sonnette d'alarme. Ils sont pour le moment dans l'expectative, en l'absence réelle, de la part des administrations de tutelle, de communication ou d'éclairages appropriés.